ALIEN COVENANT : chronique

07-05-2017 - 13:07 - Par

ALIEN COVENANT : chronique

Moins ambitieux que PROMETHEUS, ALIEN COVENANT n’a pas grand-chose à raconter et apparaît comme un exemple vain de ‘marvelisation’.

Covenant-PosterLes grands films, ceux qui impriment dans la culture populaire leurs mécanismes, ont un (gros) problème : leur importance est telle qu’ils sont voués à être pillés, digérés, refaits par d’autres et ont donc pour obligation de se réinventer d’autant plus s’ils donnent naissance à une franchise. ALIEN de Ridley Scott est de ceux-là. Près de quarante ans après sa sortie, que raconter de plus avec cette histoire au fonctionnement assez binaire et linéaire ? Bien que bancal et maladroit dans sa manière de vouloir raccrocher les wagons, PROMETHEUS avait le mérite d’afficher une certaine ambition d’expansion de la mythologie, tout en proposant une expérience visuelle intrigante et extrêmement soignée. Des qualités malheureusement absentes d’ALIEN COVENANT. Dix ans après les événements de PROMETHEUS, une mission colonisatrice dérive de sa route pour se rendre sur une planète inconnue dont émane un message vocal humain. Sur place, tout déraille… COVENANT se ressaisit du titre ALIEN et ne fait donc pas de mystère : il souhaite s’inscrire plus directement dans la lignée de la saga. Tout comme PROMETHEUS, il en reprend le schéma éculé de l’équipe décimée membre par membre, mais a contrario, ne propose aucune idée nouvelle. Une redondance comme un aveu d’échec, stigmate de l’incapacité à renouveler la formule. Ridley Scott a beau miser sur le gore, son filmage nerveux et sans mystère peine à instaurer la moindre ambiance. Sa réalisation se révèle même disgracieuse et illisible sur certaines scènes clé – un combat de kung- fu entre deux androïdes et le climax sur la plate-forme d’une navette. Engoncé dans des références appuyées (le poème « Ozymandias » de Shelley, « Le Paradis Perdu » de Milton, « L’Or du Rhin » de Richard Wagner) qui semblent davantage surligner que nourrir le propos, ALIEN COVENANT a parfois l’air d’une photocopie de PROMETHEUS, délavée de son ambition et de sa complexité thématique. Mais gonflée à l’action. Si encore cet acte général de redite s’accompagnait d’une réflexion de Scott et de la franchise sur elle-même, son imagerie et ses motifs récurrents… Non. Déjà vu et prévisible, ALIEN COVENANT apparaît surtout comme un exemple de ‘marvelisation’ où le récit tourne à vide et a pour unique mission de distiller références ou indices pour mener au film suivant – un prequel et trois suites à COVENANT seraient prévus. Comme si l’unique raison d’être de la franchise n’était plus que d’expliquer par le menu ce qui aura mené à sa genèse. Un comble : le film originel brillait justement pour ses non-dits et ses zones d’ombre.

De Ridley Scott. Avec Katherine Waterston, Michael Fassbender, Billy Crudup. États-Unis. 2h02. Sortie le 10 mai

2Etoiles

 

 

 

 

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