SPIDER-MAN HOMECOMING : chronique

11-07-2017 - 17:34 - Par

SPIDER-MAN HOMECOMING : chronique

Ce reboot de SPIDER-MAN, inféodé au Marvel Cinematic Universe, aligne les gags mais pas les enjeux dramatiques. Restent d’excellents jeunes acteurs.

Après un caméo dans CIVIL WAR – sa première incartade dans le Marvel Cinematic Universe – la troisième incarnation cinéma de Spider-Man a droit à son aventure solo, qui souhaite revenir à ses racines adolescentes pour une sorte de « John Hughes movie » super- héroïque. Une belle intention qui n’aboutit sur rien, l’équipe du film ayant oublié que, chez John Hughes, l’humour s’accompagnait d’une sourde inquiétude, voire d’une infinie tristesse. Or, SPIDER- MAN : HOMECOMING, à trop jouer la carte de la gaudriole, échoue justement sur ce terrain dramatique. Déjà présentée deux fois, chez Sam Raimi puis chez Marc Webb, l’origin story de l’Homme Araignée est ici, dieu merci, passée sous silence. Sauf que Marvel Studios et Sony en oublient l’essentiel : un super-héros trouve sa profondeur dans un trauma constitutif et, dans le cas de Spider-Man, dans la mort de son oncle Ben. En se privant de tout trauma originel véritable, de cette culpabilité formatrice, le film peine à instituer le moindre enjeu. HOMECOMING, totalement dépourvu de gravité jusqu’à son dernier quart d’heure, fait de Parker/Spider-Man un kid insouciant, presque entièrement résumé à sa maladresse nerd, sans mission ni vista, connu comme « le mec de YouTube » et qui, au lieu de se confronter à sa responsabilité profonde, se demande bien comment intégrer les Avengers. Rarement malin ou drôle dans son post-modernisme, HOMECOMING tourne à vide comme un DEADPOOL, en une sorte de commentaire de commentaire – quand Sam Raimi faisait de la transformation une métaphore de la puberté, HOMECOMING en fait… une vanne. En émerge la désagréable impression que cette nouvelle version, lorgnant sur les coulisses de CIVIL WAR et AVENGERS, avance pieds et poings liés, totalement inféodée au Marvel Universe – ses méchants n’existeraient pas sans le MCU, le costume de Spidey doit tout à Tony Stark, il devient une sorte de simili Iron Man etc. Mis en scène sans grande idée (toujours avec cette photographie numérico-blafarde sans aspérité déclinée par Marvel Studios sur presque tous ses films), HOMECOMING évolue à ras du sol, incapable de partager l’exaltation d’un swing aérien entre les buildings new-yorkais. Avant le triomphe du MCU, Spider-Man était le fleuron de Marvel, son héros le plus universellement connu. Là, il semble réclamer constamment la permission d’exister, se débattant avec la validation que lui offrirait Tony Stark – symbole évident du producteur Kevin Feige. En ressort un spectacle sans âme ni ambition, sans merveilleux, dont le seul atout est le trio formé par les excellents Tom Holland, Zendaya et Jacob Batalon.

De Jon Watts. Avec Tom Holland, Michael Keaton, Zendaya. États-Unis. 2h13. Sortie le 12 juillet

2Etoiles

 

 

 

 

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