BLADE RUNNER 2049 : chronique

04-10-2017 - 12:03 - Par

BLADE RUNNER 2049 : chronique

Une suite d’une écrasante puissance, mêlant parfaitement le contemplatif au narratif.

Générant moins de méfiance qu’une suite de film culte habituelle – puisque réalisé par Denis Villeneuve, en odeur de sainteté –, BLADE RUNNER 2049 arrive sur nos écrans 35 ans après BLADE RUNNER, tout pomponné par le chef opérateur Roger Deakins – en passe de glaner son premier Oscar. La beauté du film est fulgurante, aérienne et métallique, qu’il y ait à l’écran un simple arbre mort ou une ville entière qui grouille, qu’on soit dans le minimalisme ou le foisonnement, dans le laiteux ou dans le saturé. Et ce beau, tout contrasté, Villeneuve le capture en plans fixes ou en mouvements légers, comme s’il ne fallait pas troubler l’ordre fascisant de cette Californie post-« effondrement de l’écosystème ». L’aubaine narrative : ça fait de jolies images, comme ces grandes statues de Las Vegas brouillées par une épaisse poussière, des vestiges jonchant les déserts de sable. Villeneuve s’offre de quoi crâner au cadre et il a raison. En parvenant à insuffler du rêve et beaucoup de spirituel à des photogrammes presque mathématiquement construits, son film n’aurait presque d’équivalent que chez Tarkovski ou Kubrick. BLADE RUNNER 2049 honore l’effluve métaphysique et sentimental qui émane du magnifique titre de K. Dick, « Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », librement adapté par Ridley Scott dans BLADE RUNNER. Bien qu’engoncés dans un film tout entier dévoué au choc esthétique, les sentiments émergent, forts et romantiques. L’officier K (Ryan Gosling, parfaitement employé), blade runner comme Deckard (Harrison Ford), traque les réplicants et, poursuivant sa propre quête identitaire, hante un monde où la chair et le virtuel se confondent jusqu’à la folie, jusqu’au sublime. Comme dans DRIVE ou ONLY GOD FORGIVES, Gosling dévoile dans son regard un monde de frustrations et d’espoirs. C’est lui qui nous raccroche au récit quand le beau ne suffit plus, quand l’abstraction veut tout manger, quand le film devient trop long, complaisant. C’est sa solitude, bouleversante, qui empêche BLADE RUNNER 2049 d’être une errance vide de sens. Car du film, tout en force, on tire des sensations brûlantes, une profonde tristesse, on retient le score éreintant et parfait de Benjamin Wallfish et Hans Zimmer – plus du sound design que de la musique, d’ailleurs –, mais Villeneuve échoue à lui donner ce petit truc en plus qui le rendrait intellectuellement stimulant, visionnaire.

De Denis Villeneuve. Avec Ryan Gosling, Ana de Armas, Jared Leto, Harrison Fort. États-Unis. 2h43. Sortie le 4 octobre

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