KINGSMAN – LE CERCLE D’OR : chronique

11-10-2017 - 14:50 - Par

KINGSMAN - LE CERCLE D’OR : chronique

Malgré un effort pour agrandir l’univers KINGSMAN, ce CERCLE D’OR radote jusqu’à en devenir poussif.

Si le premier KINGSMAN est si aimé, c’est qu’en plus du pari gagnant du film d’espionnage déconnant, il y avait eu l’effet de surprise. Le Londres prolétaire y côtoyait l’Angleterre des gentlemen avec élégance et les séquences de combat – surtout celle de l’église – en plan séquence mettait un peu de nerf dans un cinéma d’action pépérisant. Si Matthew Vaughn n’avait jamais voulu réaliser de suite jusque-là (il avait refusé de mettre en scène KICK- ASS 2 et un X-MEN de plus), c’était par peur de faire deux fois le même film. Et KINGSMAN 2 lui donne raison. Le réalisateur britannique s’avère incapable de trouver une nouvelle manière originale de mettre l’action en scène et pire, multiplie jusqu’à l’écœurement les séquences de baston, toutes similaires. Encore plus dommageable, des effets spéciaux qui ne font plus illusion, révélant les coupes, les trucs, les fonds verts. Vaughn pèche par excès (le film est d’ailleurs bien trop long, avec ses 2h20 au compteur) : plus cartoon, plus vulgaire, plus violent. Il retourne contre lui, en partie par mauvais esprit, tous les procès que certaines critiques lui avaient adressé, dégoûtées des blagues à base de sodomie et de têtes qui explosent. LE CERCLE D’OR est graveleux: parfois, cela génère de vrais et grands moments d’humour et d’autres fois, de sacrés moments de gêne. Pourtant, tout n’est pas raté et ce que Vaughn réussit, il le réussit comme un maître. Si son premier KINGSMAN était revendiqué comme très anglais, il parvient ici à marier ses racines britanniques avec sa culture américaine d’adoption et fabrique un film résolument pop. Des États-Unis, il garde le côté pittoresque : Eggsy (Taron Egerton) et Merlin (Mark Strong) vont devoir s’associer au top des agents yankee – des espèces de cow-boys (Channing Tatum, Jeff Bridges et Pedro Pascal), un peu miso, un peu arrogants – pour contrer une détraquée (Julianne Moore) qui, retranchée dans un village très 60’s gardé par des molosses électroniques, inonde le marché de la drogue d’une substance mortelle. Avec un humour de sale gosse, mais une arrière- pensée politique, Vaughn pointe du doigt l’hypocrisie systémique visant à stigmatiser la fumette quand l’alcool et le tabac prospèrent comme symboles de confiance en soi et de virilité. Il dresse un portrait des puissants encore plus acerbe et méchant que dans KINGSMAN, les décrivant comme des gardiens d’une morale douteuse. Ce CERCLE D’OR a l’esprit particulièrement taquin et le ricanement très malicieux. Il fonctionne d’ailleurs plus en tant que comédie (jouant avec les codes du cinéma américain notamment) que film d’action.

De Matthew Vaughn. Avec Taron Egerton, Mark Strong, Halle Berry. Grande-Bretagne/États-Unis. 2h21. Sortie le 11 octobre

3Etoiles5

 

 

 

 

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