BATTLE OF THE SEXES : chronique

22-11-2017 - 14:23 - Par

BATTLE OF THE SEXES : chronique

Joliment écrit et mis en scène avec tact, BATTLE OF THE SEXES transcende les limites des films hollywoodiens inspirés de faits réels.

Au début des années 1970, la championne de tennis Billie Jean King (Emma Stone) s’insurge des différences de dotations entre hommes et femmes sur les tournois du circuit et décide de participer à la création d’une fédération exclusivement féminine. Au même moment, l’ancien joueur Bobby Riggs (Steve Carell) assure publiquement qu’une femme au sommet de sa forme ne pourra jamais battre un homme, même retraité, et défie Billie Jean de l’affronter… Parce que son sujet central reste malheureusement d’actualité, BATTLE OF THE SEXES aurait pu n’être qu’une avalanche de bons sentiments mal maîtrisés et une hagiographie sans saveur du combat égalitaire de Billie Jean King. Qu’il parvienne à éviter ces écueils, puis à surpasser les attentes et surmonter bon nombre des limites du biopic, apparaît donc comme un petit miracle. Sans doute parce que le scénariste Simon Beaufoy (SLUMDOG MILLIONAIRE, THE FULL MONTY, 127 HEURES) et les cinéastes Valerie Faris et Jonathan Dayton, avant de chercher à aligner des faits pour dresser artificiellement un portrait de notre époque, soignent leur narration et leurs personnages. Jamais pantins du récit et du propos, tous, des principaux aux secondaires, existent dans leur humanité, leurs qualités et leurs défauts. Portés par les prestations alertes d’Emma Stone et Steve Carell, ils évoluent en dehors des stéréotypes et des facilités scénaristiques, de tout manichéisme, chacun révélant une grande complexité. Et une grande dignité – à l’image du mari de King et de l’épouse de Riggs campés par Austin Stowell et Elisabeth Shue. Comme dans LITTLE MISS SUNSHINE et ELLE S’APPELLE RUBY, leurs précédents films, Valerie Faris et Jonathan Dayton tentent de percer le mystère du lien humain et trouvent dans BATTLE OF THE SEXES le vecteur à une réalisation particulièrement aboutie. Citons notamment certaines scènes entre Billie Jean et son amante Marilyn (Andrea Riseborough) qui tirent une grande élégance du travail sur les cadrages rapprochés, sur l’alternance de plans furtifs et alanguis, puis sur le son – les cinéastes se sont inspirés des vidéos d’ASMR (sortes de gros plans sonores) pour créer l’immersion. Un point de vue affirmé qui assure à BATTLE OF THE SEXES une belle justesse. D’autant que le film a l’intelligence de se conclure sur une légère note d’amertume, lucide et touchante : derrière un combat en attend toujours un autre.

De Valerie Faris & Jonathan Dayton. Avec Emma Stone, Steve Carell, Andrea Riseborough. États-Unis. 2h01. Sortie le 22 novembre

4Etoiles

 

 

 

 

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