PEPPERMINT : chronique

11-09-2018 - 17:35 - Par

PEPPERMINT : chronique

Douze ans après la fin de la diffusion de la série ALIAS, Jennifer Garner retrouve ses instincts combattants et impressionne.

 

La famille North vit heureuse, mais son bonheur est entaché par des soucis d’argent typiques de la classe moyenne américaine. Le père pense éventuellement à s’impliquer dans un sale coup mais se rétracte in extremis. C’est déjà trop tard : de gros bonnets du crime veulent sa peau. Un soir, à la fête foraine, ils l’éliminent, lui et sa fille. La peine infinie de Riley (Jennifer Garner), épouse et mère inconsolable, se double de haine quand elle découvre que les autorités, corrompues, ne poursuivront pas les coupables. Comme elle n’a plus rien à perdre, elle fera justice elle- même, en partant notamment aux trousses de « la guillotina », baron mexicain. Facile de déceler ici les influences de « Punisher », comic où Frank Castle se charge de faire tomber le crime organisé après que sa famille a été massacrée lors d’un pique-nique. Si la personnalité de justicier borderline de Frank Castle a parfois, selon les storylines, été justifiée par une instabilité mentale, il est clair que Riley North n’est pas que le bras armé d’un vigilantisme douteux. Montrée comme une femme qui a basculé, qui s’est désociabilisée puis réfugiée aux confins de tendances suicidaires, elle est l’épouvantail d’une société sans valeur, la tueuse cintrée qui fait le lien entre l’Amérique ultrabright et l’Amérique pourrie. Son côté ultra pulp la sauve d’être un symbole politique – bien que la discrète fascination qu’elle suscite chez les flics reste problématique. Comme il avait fabriqué de toutes pièces une aura d’action star à Liam Neeson pour TAKEN, le réalisateur français Pierre Morel réhabilite Jennifer Garner comme l’actrice physique qu’elle était il y a quinze ans, sans jamais transiger sur ses capacités d’actrice. Car il faut reconnaître à PEPPERMINT son héroïne complexe, imprévisible, spectrale, mais surtout son interprète habitée par ce rôle désespéré. Après plusieurs films à la voir jouer les gentilles maîtresses de maison (LES MIRACLES DU CIEL, WAKEFIELD, LOVE SIMON…), on en avait presque oublié sa puissance dramatique. Dommage, cet action movie débridé, parfois crado, n’est jamais à la hauteur de sa protagoniste. On vous passe les explications grotesques sur la manière dont cette mère de famille s’est transformée en combattante vengeresse – sa nature de série B absout tout –, on pardonne moins en revanche des effets de postproduction de mauvais goût (cuts, balayages accélérés, éblouissements…) et une mise en scène de l’action qui laisse à désirer. Jennifer Garner n’est peut-être pas une artiste martiale accomplie, ses prouesses physiques ne méritent probablement pas ce surdécoupage à la faucille. Dommage.

De Pierre Morel. Avec Jennifer Garner, John Gallagher Jr., John Ortiz. États-Unis. 1h35. Sortie le 12 septembre

3Etoiles

 

 

 

 

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