The Social Network : la critique de Mark Zuckerberg
20-10-2010 - 11:10 -
Par Aurélien Allin
Le co-créateur de Facebook, après avoir vu le film de David Fincher, donne son avis sur la chose. Et comme on l’imaginait, n’a pas que des compliments.
Alors qu’on lui prêtait l’intention de ne surtout pas voir le film, Mark Zuckerberg a surpris son monde ce week-end lors d’une conférence en admettant qu’il s’était bel et bien rendu en salles pour le regarder (cf vidéo / les propos sur le film sont environ à 5 minutes) et a commenté la chose. Et ce qu’il a à en dire s’avère assez intelligent.
![]() M.Zuckerberg Mais Zuckerberg a des arguments pour faire valoir « sa » vérité. « Les gens qui me connaissent savent que je suis avec la même fille depuis avant même que je ne crée Facebook ». Et quand le milliardaire explique plus avant cette différence entre réalité et fiction, son avis s’avère particulièrement perspicace. « Je crois que tout cela vient du fait que les gens faisant des films ne comprennent pas ce que nous faisons à la Silicon Valley, ou vient de l’idée qu’ils se font de ce que nous faisons. Ils ne parviennent pas à comprendre que nous sommes peut-être des gens qui aiment juste créer des choses ». En pointant du doigt la nécessité cinématographique de trouver des raisons à tout, de créer des nœuds dramatiques pour toute situation, Zuckerberg prouve qu’il comprend au moins le cinéma et son incapacité à décrire parfois la vie telle qu’elle est. A savoir imprévisible, irrationnelle. A noter que le milliardaire, tout comme son ex-ami Eduardo Saverin, ne commente jamais la polémique sur sa personnalité et sur les présumées trahisons qu’il aurait commises pour parvenir à créer Facebook. Plutôt sport, donc. ![]() 2 commentaires sur “The Social Network : la critique de Mark Zuckerberg” |
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(mieux vaut avoir vu le film avant de lire le commentaire suivant)
C’est vrai que du coup, le positionnement de Fincher et Sorkin en prend un sacré coup, je trouve. Si la scène d’ouverture est totalement inventée, ce sont les fondations même du récit qui en prennent un coup. Est-ce que les fameuses updates sur son blog cette fameuse nuit ont vraiment eu lieu ? J’avoue que j’aimerais bien savoir.
Dans tous les cas, on est sûr d’une chose, Zuckerberg est fou, et c’est aussi un génie. Il est fou, si l’on se fie aux échanges filmés avec les avocats, où il fait plus que botter en touche, plus que détourner l’attention et les questions, il fait preuve d’un autisme assez marqué, dont sont atteints certains génies. On le voit aussi dans sa manière de s’exprimer dans la scène d’ouverture.
Il est fou aussi, pour son côté « investi d’une mission », point sur lequel il n’y a qu’un clin d’oeil (quand il met en ligne Facemash ou Facebook je ne sais plus) et que Saverin lui demande s’il prie. Mais aussi plus récemment avec ses déclarations sur la vie privée, ou son sweat-shirt marqué de symboles chelous. Fou aussi, s’il a réussi à piéger Parker, après que celui-ci ait réussi à évincer Saverin. A moins que ce soit du génie. La frontière entre les deux est tellement mince…
C’est un fou et un génie à la Bill Gates et Steve Jobs, ou plutôt un voyou à la Bill Gates et un génie à la Steve Jobs. L’affiche résume bien les choses : voyou, traitre, génie, milliardaire. Enchaînement de mots qui crée un malaise, malaise qui caractérise assez bien notre société. Les voyous et les traitres sont les génies que l’on encense, et finissent milliardaires, alors que les honnêtes pauvres cons ne gagnent pas une thune.
La réussite, à tout prix.
Quelles que soient les motivations de Zuckerberg (se venger de son ex, se faire accepter dans les clubs), je ne suis pas sûr que Fincher et Sorkin aient vu juste (ils ont pris un parti, qui, s’il s’avère faux, n’enlève rien à la qualité du récit, juste à sa véracité). Ce qu’on a du mal à comprendre, c’est pourtant ce que dit Zuckerberg : Facebook ne sera jamais fini. C’est en perpétuel mouvement. Facebook serait une création, une oeuvre d’un artiste, que celui-ci ferait constamment évolué. A ce moment-là, difficile de trouver une motivation aussi évidente que se venger d’une fille, ou la recherche d’une reconnaissance sociale. Zuckerberg serait avant tout un créateur (de génie), un entrepreneur, et ses motivations seraient de créer plus que de tirer quelque chose de sa création.
Le scénario ne respecte sans doute pas la réalité, et Zuckerberg comprend bien pourquoi. Le récit dramatique se doit de trouver des « pourquoi ? », de créer des noeuds dramatiques etc. Le positionnement de Sorkin sur le côté « créer Facebook pour récupérer la fille », ça fait aussi de Zuckerberg un romantique, autiste, certes, mais romantique quand même. ça ne fait qu’accroître cette image d’inadapté au contact social, sans lui enlever sa part humaine. Ce qui renforce le point de vue du film, qui se refuse de donner une image tranchée de chacun des personnages.
En revanche, apparemment, les réactus sur le blog qu’il fait quand il crée Facemash sont censés être « vrais », sauf pour ceux citant la rupture, évidemment. Mais là encore, je n’en ai aucune preuve, juste les propos de Sorkin…
Mais en tout cas, tu as raison, Zuckerberg est autant un génie qu’un fou (ça va de pair, en général), et le film le montre très bien. Que le film ne colle pas à la réalité, au final, cela importe peu (à la manière du biopic de Dylan par Haynes). L’important, c’est de cerner le personnage. Et de ce que je sais de Zuckerberg via les interviews ou les conférences qu’il a donnés, je trouve que le film le cerne plutôt bien. Du moins, cerne plutôt bien son entreprise et ce qu’il dégage. Après, je comprends que le bonhomme tique sur le fait que le film veuille trouver des raisons à tout. Si lui ressent juste Facebook comme une création sans enjeu derrière, c’est sûr que ça doit le travailler. En même temps, quelle création ne vient pas d’un désir ou d’une raison viscérale (même inconsciente), d’un besoin de s’exprimer ?