YOUNG ONES : chronique

05-08-2014 - 12:46 - Par

Bancal et souvent attendu, YOUNG ONES affiche toutefois suffisamment de qualités esthétiques pour susciter la curiosité.

Après une carrière à la télévision – et notamment sur la série policière de Steven Bochco et David Milch, NEW YORK POLICE BLUES –, Jake Paltrow (fils de Bruce et frère de Gwyneth) avait débuté sa carrière au cinéma par la petite porte avec la comédie romantique THE GOOD NIGHT, inédite en France. Sept ans plus tard, son deuxième essai devrait sans doute marquer davantage les esprits. Il se penche ici sur un futur proche où l’eau –potable ou non– fait cruellement défaut à l’humanité. Dans ces conditions, si le monde continue de tourner tant bien que mal, beaucoup sont ceux qui luttent pour survivre et mener une existence normale. Ernest Holm (Michael Shannon), ancien cultivateur de blé, est ainsi devenu marchand itinérant afin de nourrir ses deux enfants : le discret Jerome (Kodi Smit- McPhee), qui voue une admiration sans borne à son père, et la bouillonnante Mary (Elle Fanning), qui rêve de quitter le foyer pour vivre sa romance avec Flem (Nicholas Hoult). Baigné dans la lumière crue et écrasante des contrées arides d’Afrique du Sud, YOUNG ONES affiche une ambition sans doute trop grande pour les épaules de Jake Paltrow qui, à trop s’escrimer, finit souvent par trébucher, notamment dans sa mise en scène trop symbolique. De même, la construction du récit en trois chapitres, qui laisse supposer que Paltrow va user de plusieurs points de vue pour contredire les attentes et offrir son lot de surprises, apparaît comme un gadget scénaristique mal maîtrisé. D’autant que YOUNG ONES va au final droit vers là où son premier acte le laissait entendre. Pourtant, au réalisateur conformiste qui accomplit son job sans aspérités, on préfèrera toujours un cinéaste comme Paltrow qui, accroché à sa vision, se trompe en essayant. YOUNG ONES demeure en effet une proposition de cinéma souvent engageante : moins agressif et nihiliste que THE ROVER, auquel il sera forcément comparé à son désavantage, le film affiche néanmoins une ambiance souvent prenante, basée sur un production design de grande qualité – comme si, dans STAR WARS, George Lucas avait bâti les séquences sur Tatooine comme un western spaghetti rongé par le désespoir. Il se dégage ainsi du film une grande mélancolie qui donne au regard de Paltrow sur ce monde dévasté une certaine singularité, en cela bien portée par de solides prestations d’acteurs. Mention spéciale à Nicholas Hoult, dans un rôle au charme sombre et ambigu rappelant ses meilleures heures dans SKINS, et à Kodi Smit-McPhee, remarquable dans la manière dont il contrôle les émotions contradictoires de son personnage.

De Jake Paltrow. Avec Michael Shannon, Nicholas Hoult, Kodi Smit-McPhee. États-Unis/Afrique du Sud/Irlande. 1h40. Sortie le 6 août

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.