SPENSER CONFIDENTIAL : chronique

06-03-2020 - 10:19 - Par

SPENSER CONFIDENTIAL : chronique

Peter Berg et Mark Wahlberg se retrouvent pour un buddy movie bien balancé, à mille lieues des modes actuelles. Un concentré d’amusement.

 

Au milieu des années 2010 Peter Berg et Mark Wahlberg projetaient une adaptation cinéma de la série L’HOMME QUI VALAIT TROIS MILLIARDS. Un désir avorté mais en un sens recyclé dans 22 MILES dont le générique, très ‘steve-austin-esque’ dans l’âme, exposait le parcours, les traumas et les compétences du protagoniste. Échec commercial, 22 MILES ne donnera pas lieu à la franchise espérée mais Berg et Wahlberg persistent, comme en quête d’une licence à décliner. Avec SPENSER CONFIDENTIAL, ils adaptent très lointainement la série littéraire de Robert B. Parker, déjà portée sur le petit écran – trois saisons au milieu des années 80 et trois téléfilms au début des années 2000. Cet ADN contamine SPENSER CONFIDENTIAL qui, au-delà du fait qu’il sera vu sur le petit écran via Netflix, prend parfois des airs de L’AGENCE TOUS RISQUES ou de L’HOMME QUI TOMBE À PIC – c’est un compliment. Flic de Boston, Spenser (Wahlberg) s’est retrouvé en taule pour avoir tabassé son chef, mari violent. À sa sortie quatre ans plus tard, il espère devenir chauffeur poids lourd mais se retrouve à enquêter illégalement sur le meurtre de deux flics – dont son ancien chef – et trouve en Hawk (Winston Duke), son colocataire, un partenaire de poids. Ce duo, lié par une alchimie assez jouissive et quasi immédiate, inscrit SPENSER CONFIDENTIAL dans la longue tradition des buddy movies et des comédies d’action des années 80 – jusque dans le filmage, refusant la frénésie et le surdécoupage. Alors que Mark Wahlberg parfait son rôle favori de sale con au grand cœur et à la gueule grande ouverte, Winston Duke assoit sa présence physique impressionnante et tranquille, insufflant au film un esprit à la fois énervé et laid back qui n’est pas sans rappeler PAYBACK, dont on retrouve ici le réalisateur Brian Helgeland au scénario. Les vannes fusent et font souvent rire, les bastons et diverses séquences d’action disent toutes (ou presque) quelque chose des héros et Peter Berg parvient même à injecter ses grandes thématiques récurrentes. Mû par l’idée de communauté et du mal qui la ronge, habité par les valeurs que l’on doit suivre pour la protéger, SPENSER CONFIDENTIAL livre un portrait d’une Amérique ordinaire à la fois sans fard et pourtant utopique, où la défense du bien commun transcende les divisions raciales, corporatistes et de classe. Un programme qui n’a certes pas la puissance néoclassique de sa tétralogie ‘faits réels’ mais qui a le grand mérite de maintenir en vie tout un pan du cinéma de divertissement que les studios ne veulent plus produire, et encore moins sortir en salles. ‘OK boomer’ ? On assume.

De Peter Berg. Avec Mark Wahlberg, Winston Duke, Iliza Schlesinger. États-Unis. 1h50. Sur Netflix le 6 mars

4Etoiles

 

 

 

 

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