THE OLD GUARD : chronique

10-07-2020 - 12:42 - Par

THE OLD GUARD : chronique

Tirée d’une série de romans graphiques, cette ambitieuse production Netflix affiche d’excellentes intentions.

 

Du space opera au thriller d’anticipation, le fantastique est censé ouvrir la fiction à d’autres lois, d’autres sciences et l’élever vers d’autres possibilités. Le travail des sœurs Wachowski ou l’afro-futurisme en sont une vision paroxystique, proposant de revisiter en profondeur les normes, les corps, les genres et le temps. THE OLD GUARD fait exécuter au fantastique grand public un petit pas dans ce sens, l’extirpant des codes hétéronormés et offrant à l’enveloppe humaine une sorte de transcendance. C’est ce qui peut se passer quand on confie l’adaptation d’une bande dessinée, déjà intrinsèquement riche d’idées, à une réalisatrice qui trépigne d’impatience, depuis des années, à l’idée de pouvoir habiller le genre de son regard si personnel. La masculinité, qui habite l’action parfois de manière très binaire depuis des décennies, est ici plus substantielle, affranchie de sa portée performative ; la féminité n’est pas sexualisée. Gina Prince-Bythewood ne se prive pas de revendiquer, parfois de manière insistante, la percée progressiste de son blockbuster et si elle s’appesantit une fois sur l’homosexualité de deux de ses héros, elle ne réduit toutefois pas son récit à la politique. THE OLD GUARD est d’abord un film d’action. Andy (Charlize Theron) et ses hommes (Matthias Schoenaerts, Marwan Kenzari et Luca Marinelli) forment une armée de guerriers immortels qui luttent contre le mal, sur Terre, depuis des siècles. Victimes d’un guet-apens, ils vont chercher le responsable mais avant cela, ils doivent récupérer, parmi eux, Nile (Kiki Layne), soldate postée au Moyen Orient, qui vient de découvrir qu’elle ne peut pas mourir. Du Maroc au Soudan, en passant par la campagne française et le centre de Londres, THE OLD GUARD démarre comme un film de barbouzes empêtrés dans le désert pour finir comme un euro-thriller à charge contre Big Pharma. Un grand écart d’autant plus étonnant que le film va et vient entre le monde contemporain et l’époque médiévale, où la tragédie a frappé Andy. Si l’ensemble demeure homogène, c’est grâce au parti pris réaliste de Gina Prince-Bythewood : le spectacle n’est jamais démesuré ni farfelu mais reste cohérent avec un budget en deçà des superproductions de studio actuelles. L’emballement pour le film n’est pourtant pas total : la musique est omniprésente, les choix de chansons sont faits en dépit du bon sens et parasitent complètement la modestie du film. Si le postulat de départ fait preuve d’originalité, c’est beaucoup moins le cas de certains rebondissements franchement courus d’avance. Mais le contrat d’un divertissement de qualité est rempli.

De Gina Prince-Bythewood. Avec Charlize Theron, Kiki Layne, Matthias Schoenaerts. États-Unis. 1h58. Sur Netflix

3Etoiles

 

 

 

 

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