THE CONTRACTOR : chronique

05-04-2022 - 10:23 - Par

THE CONTRACTOR : chronique

Le réalisateur de LE CAIRE CONFIDENTIEL plonge dans le grand bain d’Hollywood et ne se noie pas. En soi, c’est déjà remarquable.

 

C’est à se demander si on reverra ce genre de films un jour sur grand écran. Non issu d’une IP (Intellectual Property) préexistante, non destiné à devenir une franchise… Parce que c’est ça, THE CONTRACTOR. Un projet anachronique dont 2022 s’empare pour nourrir les catalogues des plateformes. Que deviendront ces titres, une fois que le buzz de leur sortie se sera éteint ? C’est l’Histoire, même à court terme, qui le dira et en attendant, si samedi soir vous ne savez pas quoi faire, vous pouvez toujours regarder THE CONTRACTOR, comme vous louiez jadis des DVD au vidéo-club du coin. Et il se pourrait même que le résultat dépasse vos attentes. Chris Pine incarne James Harper, un Marine viré de l’armée pour avoir abusé des antidouleurs. Ce soldat, plombé par un genou en vrac, n’a plus qu’une solution : aller dans le privé. Recommandé par l’un de ses anciens supérieurs (Ben Foster), il est engagé par une organisation paramilitaire pour une mission en Allemagne, assuré qu’il agit sous l’autorité du gouvernement. Toutefois, le fiasco est total et James se retrouve lâché à Berlin, tout boiteux et suspicieux des motivations de son employeur. Le « seul contre tous » marche à plein : bien que sans surprise, l’écriture repose sur une déconstruction du bellicisme américain, où le dévouement est souvent manipulé et perverti pour des intérêts plus obscurs. C’est peut-être d’ailleurs le fond de complotisme sur lequel repose l’intrigue qui vaut au film de sortir un peu en catimini. À l’aune de l’obscurantisme galopant, il serait facile de plaquer de la politique sur ce genre de pitch qui, à une autre époque, aurait juste fait les beaux jours de la fiction. Avec le Suédois Tarik Saleh (LE CAIRE CONFIDENTIEL) aux commandes, le commentaire vise davantage la culture guerrière typiquement américaine que la possibilité d’une grande conspiration. Loin de la production value propre et calibrée requise par Hollywood, THE CONTRACTOR est rugueux et âpre. Caméra à l’épaule, près de l’action, Tarik Saleh filme ce thriller d’abord comme le drame social et réaliste d’un vétéran lâché par les siens. La violence est brutale, le rythme est sec, le numérique apporte une quotidienneté et une banalité à l’image qui démystifient totalement la puissance américaine ou l’héroïsme de ses soldats. Ben Foster, Kiefer Sutherland, Fares Fares ou Eddie Marsan jouent en sous-régime pour un résultat criant de naturalisme. THE CONTRACTOR transcende ainsi son potentiel d’actioner impersonnel et conventionnel pour assumer une vision du monde totalement triviale et donc bien plus effrayante dans ce qu’elle dit de la violence. 

De Tarik Saleh. Avec Chris Pine, Ben Foster, Kiefer Sutherland. États-Unis. 1h43. Sur Amazon Prime Vidéo le 4 avril

3Etoiles

 

 

 

 

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