NINJA TURTLES : TEENAGE YEARS : chronique

Recluses dans les égouts, les Tortues Ninja aimeraient découvrir le monde… En dépit d’une écriture parfois trop simpliste, on se réjouit de retrouver enfin en forme les Tortues Ninja, icônes pop laissées en friche.

 

Toujours aussi populaires mais totalement rincées par quarante ans d’adaptations télévisées, cinématographiques et vidéoludiques de qualités variables, les Tortues Ninja se paient un petit coup de jeune avec NINJA TURTLES : TEENAGE YEARS. Et, comme son titre l’indique, le lifting est littéral puisque cette animation, coécrite et coproduite par l’un des héros de la teen comedy, Seth Rogen, décide de revenir aux origines des quatre héros et de respecter une des composantes, souvent passée outre, de leur ADN : l’adolescence. Ici, Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphael sont donc de vrais ados, d’une quinzaine d’années, avec les préoccupations et les émotions qui vont avec. Fait exceptionnel dans la franchise : ceux qui les incarnent vocalement partagent leur âge. Ce parti-pris insuffle d’autant plus d’énergie qu’il a été décidé d’enregistrer leurs voix en même temps, laissant ainsi la part belle à l’échange, à la spontanéité, voire à l’improvisation. Ce coup de jeune contamine tous les niveaux du projet et avant tout, sa plastique : Jeff Rowe avait été à bonne école en coréalisant LES MITCHELL CONTRE LES MACHINES et, sur le modèle des SPIDER-VERSE et autre BAD GUYS, injecte à NINJA TURTLES une envie dévorante de bousculer les codes normatifs de l’animation CGI américaine. Le rendu vise ici à capter l’élan artistique de la jeunesse avec une esthétique qui s’inspire des croquis de lycéens. Certaines des propositions visuelles qui en découlent se révèlent aussi inédites qu’intéressantes – notamment cette volonté de donner aux humains un aspect à la limite du repoussant, entre BEAVIS & BUTTHEAD et « Les Crados », contraste évident avec les émotions des Tortues qui pensent être des monstres. Fort de ses partis pris marqués, à l’image (un travail remarquable sur le contraste et sur la palette de couleurs, limitée) mais aussi à la musique (le score, tout en nappes synthétiques et élans 8-bit, est signé Trent Reznor et Atticus Ross), NINJA TURTLES : TEENAGE YEARS convainc assez rapidement. D’autant qu’il aligne quelques beaux moments de bravoure – une baston filmée à l’horizontale, type OLD BOY ; un climax assez dantesque d’ampleur, lorgnant avec malice vers le kaiju movie. Un spectacle souvent amusant, bien rythmé, qui ne fait toutefois pas toujours oublier un manque de profondeur dramaturgique et d’émotions, qui l’empêche d’être plus qu’un bon film de Tortues Ninja.

De Jeff Rowe. Avec les voix de Nicolas Cantu, Brady Noon, Micah Abbey, Shamon Brown Jr., Ayo Edebiri, Rose Byrne, Jackie Chan, Seth Rogen, Paul Rudd… États-Unis. 1h39

Note : 3