ARGYLLE : chronique

31-01-2024 - 17:07 - Par

ARGYLLE : chronique

Loin de sa maîtrise passée, Matthew Vaughn signe tout de même avec ARGYLLE son spectacle le plus amusant depuis KINGSMAN. Mais pas sûr que cela suffise…

 

Personne ne pourra reprocher à Matthew Vaughn de ne pas essayer. Si le cinéaste anglais a tendance à s’enfermer de son plein gré dans les univers qu’il crée en les déclinant ad nauseam, il a le mérite de tenter d’échafauder de nouveaux mondes fictionnels, de donner vie à de nouveaux personnages. Sa nouvelle marotte, ARGYLLE, est sans aucun doute ce qu’il a fait de mieux depuis le premier KINGSMAN il y a neuf ans, sans pour autant parvenir à en effleurer l’excellence. Ici, plus que dans tous ses autres films, Vaughn fait le pari de la comédie et raconte comment Elly Conway (Bryce Dallas Howard), autrice de romans d’espionnages à l’eau de rose, se retrouve poursuivie par une agence de renseignement démoniaque parce que ses romans auraient prédit plusieurs événements réels. Un espion solitaire (Sam Rockwell) décide de la protéger alors qu’Elly peine à différencier fiction et réalité… Son pitch a beau rappeler LA CITÉ PERDUE, ARGYLLE se révèle plus ambitieux, notamment grâce à un scénario qui ne cesse de muter, de multiplier les rebondissements et les revirements – parfois jusqu’au trop-plein, le film étirant son récit jusqu’à 2h20. Sous influences de Shane Black (certains ressorts scénaristiques, la gouaille post-moderne du personnage de Sam Rockwell) et du Guy Ritchie d’AGENTS TRÈS SPÉCIAUX, ARGYLLE fait le spectacle, mais cahin-caha. D’un côté, les scènes d’action se révèlent souvent massives et euphorisantes, bourrées d’idées de mise en scène – une longue baston dans un train, merveille de découpage ; une fusillade baignée dans les fumigènes, remarquable moment de bravoure romantique. De l’autre, l’esthétique est perpétuellement tirée vers le bas par des effets visuels baveux, parfois hideux, des fonds verts ratés et, plus globalement, un manque d’incarnation qui, à ce niveau de compétence et de budget, sont impardonnables. Autant narrativement qu’esthétiquement, ARGYLLE déborde de partout, sans jamais parvenir à contenir ses excès et à dompter ses intentions – là où KINGSMAN, premier du nom, excellait justement dans son dosage. Le spectacle reste néanmoins plutôt efficace et souvent amusant à suivre, notamment parce que Vaughn dispose d’une arme de destruction massive : le duo formé par Sam Rockwell et Bryce Dallas Howard. Lui met son sens du rythme et du décalage au service d’un personnage qui a probablement été taillé pour lui. Elle, sculpte une prestation de screwball délicieusement outrée et anachronique qui donne à ARGYLLE une bonne partie de son charme et de sa singularité. Leurs joutes verbales et leurs corps-à-corps sont même probablement le plus grand spectacle du film.

De Matthew Vaughn. Avec Bryce Dallas Howard, Sam Rockwell, Samuel L. Jackson, Henry Cavill, Brian Cranston, Dua Lipa, John Cena. Royaume-Uni. 2h18. En salles le 31 janvier

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.