Toronto 2013 : FELONY / Critique

13-09-2013 - 10:20 - Par

De Matthew Saville. Avec Joel Edgerton, Jai Courtney. Special Presentations.

Trois inspecteurs de police se confrontent après un tragique accident dans lequel un enfant a été grièvement blessé. L’un est coupable d’un crime (Joel Edgerton), l’autre va tenter de le couvrir (Tom Wilkinson), et le troisième va essayer de révéler le pot aux roses (Jai Courtney). Jusqu’où iront ces trois hommes pour travestir la réalité ou la dévoiler au grand jour ? Un scénario écrit par Joel Edgerton avec à la réalisation Matthew Saville – qui officie souvent à la télé australienne et notamment sur l’excellente mini-série LA GIFLE –, le tout pour un thriller sur les valeurs complexes d’un trio de flics ? FELONY avait tout pour faire partie de ces petites pépites que l’on découvre en festival et dont on vante ensuite le mérite pendant des mois, en attendant qu’un distributeur daigne le sortir en salles. Malheureusement, FELONY ne marquera pas les esprits comme des ANIMAL KINGDOM ou des CRIMES DE SNOWTOWN. La faute à une exécution bancale qui prive le film de toute tension, alors que l’opposition entre les personnages campés par Joel Edgerton et Jai Courtney (par ailleurs convaincants) promettait justement un thriller poisseux et rugueux. À peine s’échange-t-on ici des regards suspicieux ou des allusions troubles. Mais jamais ces deux flics ne se rentrent dans le lard ou ne se mettent réellement en danger. Ainsi, alors que le récit se déroule sur quelques jours à peine, il semble au contraire s’étirer sur des semaines, signe qu’il n’apparaît jamais assez ramassé pour créer une dynamique totalement prenante. Surtout que le script d’Edgerton dilue le tout avec certaines scènes extrêmement maladroites et d’autres dont on ne sait que faire – comme cette enquête dans le crime organisé asiatique exposée sans explications – si ce n’est qu’elles tentent parfois d’illustrer la violence qui gangrène la psyché de certains flics. Pourtant, en dépit de ces flottements, FELONY aborde un sujet hautement intéressant : les valeurs morales confrontées à la culpabilité. Ainsi, le personnage d’Edgerton, policier droit (mais nerveux) ayant commis une erreur, ne peut même plus tenter de faire triompher sa moralité. Car si ses états d’âme prennent vite le dessus, tous dans son entourage – de son patron à ses collègues en passant par son épouse – l’encouragent à ne pas se dénoncer. Comment rester fidèle à ses valeurs et à ses principes quand votre environnement vous tire vers le bas, même pour de bonnes raisons ? Tout ceci, FELONY l’expose relativement bien dans une poignée de scènes et si celles-ci avaient été insérées dans un suspense maîtrisé, sans doute que le propos aurait gagné en puissance et le film en efficacité.

De Matthew Saville. Avec Joel Edgerton, Jai Courtney, Tom Wilkinson, Melissa George. Australie. 1h45. Prochainement

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