Cannes 2014 : le palmarès

24-05-2014 - 18:27 - Par

Après dix jours de projections, le jury de Jane Campion désigne ses lauréats. Voici la liste des gagnants et notre analyse de ce palmarès 2014.

Il aura donc fallu sa cinquième présence en compétition pour que le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan obtienne le prix cannois suprême, la Palme d’Or, pour WINTER SLEEP. On regrettera juste qu’il l’obtienne pour son film le moins convaincant à nos yeux, bien qu’il ait été encensé par une partie de la presse. WINTER SLEEP a en effet été comparé aux pièces de Tchekov et à SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE d’Ingmar Bergman. Ceylan avait déjà été couronné par le passé à Cannes : UZAK avait obtenu le Grand Prix en 2003, LES TROIS SINGES le Prix de la mise en scène en 2008 et IL ÉTAIT UNE FOIS EN ANATOLIE le Grand Prix en 2011.

Outre le fait que Nuri Bilge Ceylan obtienne donc la Palme pour le film le moins vibrant de sa carrière, le palmarès de cette 67e édition nous déçoit globalement. LES MERVEILLES, sans doute le long-métrage le plus usant et le moins pertinent que l’on ait vu cette année en compétition, repart en effet avec le second prix le plus prestigieux, le Grand Prix. N’oublions pas non plus le Prix du scénario à LÉVIATHAN, dont on attendait beaucoup, mais qui lui aussi, s’avère peu marquant selon nous. Et puisque l’on liste nos doléances : pourquoi daigner offrir un Prix du Jury à ADIEU AU LANGAGE de Jean-Luc Godard, quand le réalisateur déclarait ne pas être intéressé par le moindre prix ? Godard repart en tout cas ici avec sa première récompense cannoise, donnant à ce Prix du Jury des atours d’hommage un peu mortifère, voire forcé.

Alors forcément, les déceptions sont nombreuses : le superbe MOMMY de Xavier Dolan et le redoutable FOXCATCHER ne reçoivent que des médailles en chocolat. Le premier repart avec le Prix du Jury tandis que le second est récompensé du Prix de la Mise en scène. Mieux que rien, évidemment, mais MOMMY et FOXCATCHER, dans deux genres et sensibilités différentes, représentaient tout ce que le jeune cinéma international est actuellement capable de fournir. Dommage, donc, que le jury de Jane Campion ait préféré couronner des cinéastes ‘vétérans’ comme Ceylan ou Godard pour des films plus mineurs qu’à l’accoutumée plutôt que de couronner des opus d’auteurs moins confirmés comme Dolan et Miller. Sur scène, Dolan a en tout cas été très émouvant : dans son discours de remerciement – qu’il avait sans doute écrit pour recevoir la Palme –, il a remercié Jane Campion, dont LA LEÇON DE PIANO l’a énormément influencé.

Après le palmarès 2013 du jury de Steven Spielberg, qui était parvenu à convaincre quasiment tout le monde par son ouverture sur une certaine diversité du cinéma et de ses sensibilités, celui de l’édition 2014 apparaît sec, aride, presque dépourvu d’émotions et de décisions de cœur. Alors, on restera sur le vrai moment sensible de cette soirée : la standing ovation offerte par la salle à Gilles Jacob, venu décerner la Caméra d’Or, un prix qu’il a créé. À sa sortie de scène, alors qu’il saluait le public, un ironique et tendre « Au revoir les enfants » s’affichait à l’écran. Un vrai beau moment, poignant et à la hauteur de cet homme qui a porté le Festival pendant près de quarante ans et qui laisse désormais sa place à Pierre Lescure.

Palme d’Or
WINTER SLEEP de Nuri Bilge Ceylan

Grand Prix
LES MERVEILLES d’Alice Rohrwacher

Prix de la mise en scène
Bennett Miller pour FOXCATCHER

Prix du Jury ex-aequo
MOMMY de Xavier Dolan
ADIEU AU LANGAGE de Jean-Luc Godard

Prix du scénario
Andreï Zviaguintsev et Oleg Negin pour LÉVIATHAN

Prix d’interprétation féminine
Julianne Moore pour MAPS TO THE STARS

Prix d’interprétation masculine
Timothy Spall pour MR TURNER

Caméra d’Or
PARTY GIRL de Claire Burger, Samuel Theis et Marie Amachoukeli

Palme d’Or du court-métrage
LEIDI de Simon Mesa Soto

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