MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS : chronique

05-10-2016 - 11:10 - Par

MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS : chronique

Après le surprenant BIG EYES, Tim Burton retombe dans ses travers récents : filmer sans passion un matériau pourtant taillé pour lui.

peregrine-posterJake (Asa Butterfield), adolescent timide, rêveur et donc insignifiant, part à la recherche d’une pension où son grand-père (Terence Stamp), récemment décédé, séjourna dans sa jeunesse. Il découvre que les lieux existent toujours et que leurs habitants, des enfants dotés de pouvoirs extraordinaires et leur protectrice Miss Peregrine (Eva Green), sont enfermés dans une boucle temporelle située en 1943… Sans doute est-on souvent trop dur et trop exigeant avec Tim Burton. Mais comment ne pas l’être avec un cinéaste qui fut si important et sut imposer à l’industrie tout comme au grand public des films aussi étranges, personnels mais universels que BEETLEJUICE, BATMAN LE DÉFI ou ED WOOD ? Avec MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS, adaptation des romans de Ransom Riggs, Burton trouve un matériau que l’on croirait inventé pour lui. Il n’en fait rien. Ou pas grand-chose. Lui, le cinéaste des êtres bizarres qui saisissent la vie avec poésie et vivent avec grâce les sentiments les plus déstabilisants, ne parvient jamais à s’approprier avec conviction l’univers de Riggs. Bien que réellement pensé en 3D par Bruno Delbonnel (chef opérateur d’INSIDE LLEWYN DAVIS avec qui Burton a déjà collaboré sur BIG EYES et DARK SHADOWS), MISS PEREGRINE se révèle d’une étonnante platitude esthétique – citons notamment ces paresseux filtres gris/bleus pour les scènes au Pays de Galles. Là où les livres de Ransom Riggs proposaient une expérience visuelle marquante et immersive par le biais de vieilles photos aussi dérangeantes que fantasmatiques, le film peine à embrasser une quelconque étrangeté. Voulant exalter la différence, MISS PEREGRINE maltraite pourtant nombre de ses enfants particuliers – comme les jumeaux, sorte de mini-clowns muets, inutiles en dépit de leur pouvoir d’évocation –, et ne bâtit ainsi aucune atmosphère. Même si l’on retiendra le character design réussi des méchants Sépulcreux (sorte de croisement entre Alien et le Slender Man) et quelques-unes de leurs scènes délicieusement horrifiques, le film ne parvient pas non plus à exalter une certaine beauté du bizarre ou à sculpter le moindre trouble existentiel pour ses personnages. Une monotonie parfaitement reflétée dans la narration-même : l’équilibre précaire voire laborieux entre les questions que se posent le héros et la manière dont il obtient les réponses prive le récit de toute fluidité – jusqu’à créer une certaine confusion. Enfin, lorsque le dernier acte ouvre la porte aux moments de bravoure, Tim Burton semble s’en désintéresser et les filme sans passion ni inventivité. Le cinéaste a tout l’air de s’ennuyer, et nous avec.

De Tim Burton. Avec Asa Butterfield, Eva Green, Ella Purnell. États-Unis/Grande-Bretagne. 2h07. Sortie le 5 octobre

2Etoiles

 

 

 

 

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