UPGRADE : chronique

02-10-2018 - 19:04 - Par

UPGRADE : chronique

Co-créateur de SAW et INSIDIOUS, Leigh Whannell se réinvente avec UPGRADE, film d’anticipation dément, hard-boiled et inquiet.

 

Rares sont les films dont la mise en scène et le propos qu’elle charrie s’affichent dès le générique. Ici, pas de lettres à l’écran : les noms des sociétés de production et le titre UPGRADE prennent la forme d’ondes, alors qu’une voix informatique les ânonne. Suit le premier plan : un vinyle tourne sur sa platine, dans un garage où gisent outils et pistons graisseux. Ces quelques secondes formulent habilement la juxtaposition du numérique et de l’analogique, du désincarné et du tactile, de l’informatique et du mécanique. De l’organique et du manufacturé. Dans un futur proche, Grey (Logan Marshall-Green, excellent), mécanicien méfiant de la technologie, répare des voitures reliques des 60’s ou 70’s pour de riches clients. Un soir, lors d’une agression, son épouse est tuée. Lui devient paraplégique. Un magnat de la high-tech lui propose d’être le cobaye de STEM, une puce à Intelligence Artificielle devant relancer son influx nerveux. Plus qu’une mobilité retrouvée, STEM lui offre une puissance surhumaine qu’il va mettre à profit pour venger la mort de sa compagne… Si Leigh Whannell s’éloigne visiblement des SAW et INSIDIOUS – dont le troisième volet était sa première réalisation –, il ne délaisse pas pour autant totalement l’horreur. Car l’univers qu’il crée, si loin si proche du nôtre, hurle son mal-être terrifié. Technologies omniprésentes et intrusives, maisons dénuées de fenêtres telles des tombeaux, armes et circuits intégrés qui transgressent l’intégrité du corps humain : UPGRADE invente notre futur et confronte le capitalisme à ses prétendus idéalismes pour sculpter un conte moral d’une grande pertinence. Armé de référents qu’il convoque sans les singer (Verhoeven, Cameron et Cronenberg), Leigh Whannell confectionne une SF futuriste hybride en perpétuelle quête d’organique, lorgnant naturellement vers le body horror, le néo-noir, le buddy movie, l’actioner, etc. Un refus de l’aseptisation qui modèle un univers palpable et réaliste, froid quand il faut, sale si nécessaire. Brutal, souvent, comme dans ces fantastiques scènes de combat, surgissements de violence dont la réalisation – avec l’acteur comme centre de gravité du plan – leur offre une identité forte. Si le récit réserve de jolies surprises, il prend aussi quelques détours affaiblissant parfois le rythme – l’enquête sur Grey. Mais UPGRADE a l’intelligence de se conclure quand il le faut, de la meilleure des manières, à la fois logique et surprenante, sans compromis. Du cinéma d’exploitation barjot grâce auquel Leigh Whannell affirme avec conviction sa singularité.

De Leigh Whannell. Avec Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Melanie Vallejo. Australie/États-Unis. 1h40. Sortie le 3 octobre

4Etoiles

 

 

 

 

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