UTOYA, 22 JUILLET : chronique

11-12-2018 - 10:50 - Par

UTOYA, 22 JUILLET : chronique

Dégraissée de tout artifice, cette reconstitution de l’attaque de l’île d’Utoya en temps réel est absolument glaçante.

 

Kaja, jeune femme qui participe, sur l’île norvégienne d’Utoya à un camp d’été de la Ligue des jeunes travaillistes, n’arrive pas à mettre la main sur sa sœur, avec qui elle s’est disputée. Quand des coups de feu retentissent, elle comprend qu’un terroriste les attaque et elle fuit. La caméra ne la lâche pas, elle l’accompagne quand elle se cache derrière des bosquets dégarnis, quand elle s’aplatit au sol comme si cela suffisait, quand elle appelle sa mère en panique, quand elle tient la main d’une inconnue à qui on a tiré dans le dos. La politique, l’identité du tueur importent peu à Kaja : elle cherche juste à survivre. Alors on ne verra pas Breivik, on ne prononcera pas son nom. Dénué de tout sensationnalisme, de toute musique additionnelle, filmé en un plan-séquence d’une heure et demie qui démarre quelques minutes avant les premiers tirs et s’achève à la fin de l’assaut, UTOYA, 22 JUILLET veut rendre hommage aux victimes, contrairement au film de Paul Greengrass, UN 22 JUILLET, qui traite davantage la tentative de guérison des victimes et du pays, et décortique les idéologies. Ce sont deux longs-métrages différents dans leurs ambitions et leur production, et pourtant totalement complémentaires, que le cinéma offre cette année. UTOYA propose une thérapie de choc, plus viscérale que cérébrale, pour exorciser la haine et l’incrédulité. Un film important, citoyen. Une expérience in- descriptible. 

D’Erik Poppe Avec Andrea Berntzen, Sorosh Sadat, Aleksander Holmen. Norvège, 1h33. Sortie le 12 décembre

4Etoiles

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.