Parce qu’il est adapté d’un des plus grands romans du début du XXIème siècle, LA ROUTE était attendu de pied ferme. Et oh ! surprise, le film de John Hillcoat s’en sort avec les honneurs.
Avoir entre les mains un livre et être assis devant un film sont deux expériences radicalement différentes. Difficile de mettre sur un pied d’égalité une activité active, que l’on peut mener à son rythme, et une autre beaucoup plus passive, dans laquelle on est embarqué bon gré mal gré. Quand il s’agit de juger un long métrage adapté d’un roman, la question essentielle n’est donc pas de savoir si l’expérience est aussi forte, ou similaire, car elle ne le sera forcément pas. Mais bien si le film respecte l’œuvre dont il s’inspire et existe par lui-même. Pour LA ROUTE, ce précepte sied à merveille.
Car là où l’on pouvait reposer le livre de Cormac McCarthy pour reprendre son souffle, horrifié par ce qu’il raconte, impossible de faire «pause» dans une salle de cinéma. Subissant la claustrophobie des grands espaces apocalyptiques traversés par un père et son fils survivant tant bien que mal depuis dix ans à la fin du monde, le spectateur reçoit LA ROUTE, le film, sans possibilité de réfléchir plus de quelques secondes à ce qu’il vient de voir. Si bien que l’on reste forcément plus extérieur au film que l’on ne l’était au roman, qui créait ce miracle propre aux grands livres : être à côté des personnages, trembler avec eux, devenir l’un d’eux. Pour autant, LA ROUTE ne laissera pas indifférent, loin de là. Car John Hillcoat, à défaut d’apporter une patte réellement personnelle, adapte à merveille le livre de McCarthy. Le propos, glacial, où la seule lueur d’espoir n’en est pas franchement une, est là. Tout comme l’inhumanité déprimante qui se dégage de ce monde ravagé par une apocalypse aux causes inconnues mais aux conséquences bien réelles (cannibalisme, famine, désintégration du tissu social…). Ou l’idée principale du livre qu’au centre de tout cela reste l’amour. La nécessité de l’amour. Sinon, à quoi bon ? Des idées aussi simples que puissantes, profondément actuelles à défaut d’être palpables, rendues avec intensité par Viggo Mortensen et son jeune collègue Kodi Smit-McPhee, ou la mise en scène effacée de John Hillcoat, qui jamais ne tombe dans l’excès de sentimentalisme, la surenchère héroïque, et coupe ou enrichit le récit de McCarthy avec intelligence. Qu’on ait lu le roman ou pas, une chose est sûre : au sortir de la salle, les visages seront blêmes, les jambes lourdes, et l’envie d’entrer dans la vie encore plus forte. Et franchement, quels films sont capables d’autant ?
La Route, de John Hillcoat, Etats-Unis. Avec Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee. 1h59. Sortie le 2 décembre.
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