PLUIE NOIRE : chronique

28-07-2020 - 13:08 - Par

PLUIE NOIRE : chronique

Hiroshima et ses conséquences vues par Shohei Imamura. Un très grand film réalisé en 1989 à redécouvrir sur grand écran en version restaurée.

 

Le 6 août 1945, les États-Unis lâchent la bombe atomique sur la ville japonaise de Hiroshima. Au moment de l’explosion, Yasuko se rend chez son oncle Shigematsu. Lui monte dans un train le menant au travail. Cinq ans plus tard, leur existence subit toujours les effets de cet instant fatidique… Six ans après LA BALLADE DE NARAYAMA, Palme d’Or en 1983, Shohei Imamura se met au chevet de Hiroshima. S’il passe le premier quart d’heure à regarder dans les yeux l’horreur – les cadavres carbonisés, les corps brûlés, déformés, qui déambulent tels des zombies, les survivants fuyant sans se douter des radiations… – il se concentre ensuite rapidement sur l’après. En 1950, Shigematsu et sa femme Shigeko cherchent un mari à Yasuko. Mais personne ne veut l’épouser car on la soupçonne d’être malade. Le cinéaste filme la mort et la dévastation mais sa caméra s’attarde donc sur les séquelles ineffaçables, qu’elles soient physiques ou psychologiques – dans une scène incroyable, il capte le PTSD d’un soldat avec une théâtralité baroque. S’ajoutent le rejet des victimes, la mise en doute de leur souffrance, voire l’oubli, déjà, de toute une partie du Japon. Pour lutter contre cette potentielle amnésie, Imamura encapsule sa rage dans une tragédie intime. La densité d’écriture des personnages, principaux ou secondaires, mène ainsi PLUIE NOIRE vers l’universalité et l’intemporalité. Un immense film.

De Shohei Imamura. Avec Yoshiko Tanaka, Kazuo Kitamura, Etsuko Ichihara. Japon. 2h04. Sortie le 29 juillet

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