KAJILLIONAIRE : chronique

29-09-2020 - 10:40 - Par

KAJILLIONAIRE : chronique

Attachant par endroits, le nouveau Miranda July se perd à trop vouloir faire du beau avec du glauque.

 

Elle a du style Miranda July, indubitablement. Et KAJILLIONAIRE, son troisième long-métrage, regorge de plans, d’idées, de personnages qui impressionnent par leur singularité. Qu’est-ce qui fait que ça coince ? Qu’est ce qui manque à l’histoire de cette famille d’arnaqueurs minables, qui vivent de mensonges et de combines, pour vraiment nous emporter ? Peut-être une forme de simplicité. D’immédiateté. Miranda July filme la routine de ces marginaux avec un regard tellement poétique, tellement sublimé – peuplé de belles trouvailles, comme cette mousse rose qui envahit en permanence leur domicile – que les personnages n’incarnent rien d’autre que son imaginaire à elle. On reste alors plus spectateur de l’inventivité de ce récit, de la prestation tout en bizarrerie du casting (Evan Rachel Wood, dans un grand numéro), qu’on est véritablement touché ou même impliqué par ce qui arrive aux personnages. Étrange, tant le film, par son sujet, creuse une veine sociale qui aurait pu dire beaucoup d’une autre Amérique. Mais le film semble mettre constamment le monde à distance, préfère le regarder de travers comme si tout n’était que métaphore. Parfois, c’est beau, très beau, comme lorsqu’une épiphanie amoureuse ressemble à une fin du monde. Il y a un joli cœur qui bat au centre de KAJILLIONAIRE, une belle histoire d’émancipation. Dommage que l’émotion n’arrive pas complètement jusqu’à nous.

De Miranda July. Avec Evan Rachel Wood, Richard Jenkins, Debra Winger. États-Unis. 1h46. Sortie le 30 septembre

3Etoiles

 

 

 

 

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