SANS UN BRUIT 2 : chronique

15-06-2021 - 17:50 - Par

SANS UN BRUIT 2 : chronique

Pour la suite de son succès-surprise, John Krasinski a le grand mérite de ne pas faire le même film et propose une véritable évolution dramaturgique.

 

Forcés de quitter la demeure familiale, les Abbott se retrouvent livrés à eux-mêmes, en quête d’un abri. Mais Regan (Millicent Simmonds), certaine d’avoir capté un signal humain sur sa radio, veut partir sur les routes trouver le salut de sa famille et se reconnecter au monde… Alors que la plupart des suites déclinent la même formule que le matériau d’origine, SANS UN BRUIT 2 a l’audace de signer une profession de foi inverse. Dès la première séquence, John Krasinski promet ainsi au spectateur qu’il ne compte pas bégayer. Cette introduction se déroule avant le premier film et s’érige en exact opposé de celui- ci : SANS UN BRUIT dissimulait, chuchotait et se déployait dans l’intime ; SANS UN BRUIT 2 débute dans le bruit, la fureur et le spectacle. Rien de putassier pourtant, juste une manière d’emmener cette suite vers un nouveau territoire et dépeindre à l’écran ce que les Abbott ont perdu. Tout ce qui n’existe plus et que Regan va tenter de retrouver. À ce titre, alors qu’il était prévu pour 2020 avant le premier confinement et se dévoile en 2021 après un deuxième déconfinement, SANS UN BRUIT 2 revêt aujourd’hui davantage de sens allégorique puisqu’il met en scène un espoir de retour à la vie et une sortie d’enfermement. Une thématique qui force l’identité même de SANS UN BRUIT à se transformer. Tout en immobilité et en claustration du groupe dans le premier volet, le récit éclate ici la cellule familiale et se fait plus dual. D’un côté, Krasinski entérine l’inertie pour confronter Marcus (Noah Jupe) à ses peurs – avec quelques facilités à la clé – mais envoie Regan à l’aventure et inscrit son histoire dans un mouvement salvateur, figuré à l’image par une multitude de plans à la grue, à la dolly, au Steadycam. Car il est là, le cœur de SANS UN BRUIT 2 : Regan et Marcus, qui prennent le relais de leurs parents comme véritables pivots narratifs. Ils insufflent à ce deuxième volet une énergie nouvelle, y compris thématique, à mesure qu’ils interrogent leur rapport au monde, à l’existence, à leurs valeurs, à leur héritage. Là, Krasinski tire parfaitement parti d’avoir à sa disposition deux des meilleurs jeunes acteurs contemporains, Simmonds et Jupe. Si SANS UN BRUIT 2 reste un remarquable exercice de mise en scène, son plus bel accomplissement réside d’ailleurs peut-être dans la direction de ses enfants acteurs. Chacun dame le pion à des comédiens plus expérimentés (Cillian Murphy pour Simmonds, Emily Blunt pour Jupe) et porte SANS UN BRUIT 2 jusqu’à un final euphorisant et touchant, bien amené par la justesse globale de son écriture. On le dit rarement : vivement la suite.

De John Krasinski. Avec Millicent Simmonds, Noah Jupe, Cillian Murphy, Emily Blunt. États-Unis. 1h37. En salles le 16 juin

4Etoiles

 

 

 

 

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