UN TRIOMPHE : chronique

02-09-2021 - 09:23 - Par

UN TRIOMPHE : chronique

De ce « feel good movie », on retient surtout son dernier acte surprenant et ses seconds rôles très forts.

 

Est-ce parce qu’il est lui aussi acteur de formation qu’Emmanuel Courcol a ressenti le besoin d’adapter l’histoire du Suédois Jan Jönson ? Peut-être. Mais c’est sûrement grâce à ce parcours, de comédien de théâtre à réalisateur en passant par scénariste, notamment aux côtés de Philippe Lioret, qu’il sait avec justesse retranscrire la nécessité de la création pour un artiste ainsi que sa sérendipité. Il raconte l’histoire d’Etienne (Kad Merad), un comédien en déroute qui n’a pas mis les pieds sur les planches depuis trois ans et qui vivote à coups de petits jobs au lien plus au moins ténu avec le monde de la scène. Comme Jan dans les années 1980, mais avec les contraintes du XXIe siècle dans le milieu carcéral français, il reprend le travail d’un ami qui consiste à animer un atelier de théâtre en prison auprès de volontaires. À leur contact, Etienne renaît, reprend goût à son métier et découvre au passage des acteurs au talent brut avec qui il décide de monter « En attendant Godot ». Le succès dépasse largement les barreaux de la prison. Cousu de fil blanc ? Pas vraiment. Malgré son évidente qualité de « feel good movie », UN TRIOMPHE s’avère bien plus pertinent quand il raconte l’évasion et l’émancipation par l’art, la prison mentale et sociale des travailleurs précaires ou encore le malaise moral de l’institution carcérale, coincée entre son rôle punitif et son devoir de réinsertion. Cependant, à force de multiplier les sujets et les angles, enrobé par l’écrasant carcan de l’« histoire vraie », le film s’éparpille et voit son énergie vitale s’amoindrir jusqu’à un dernier acte qui se révèle, lui, particulièrement réussi et surprenant. Mais le véritable triomphe du film, c’est son casting, en particulier celui de la troupe de prisonniers, avec à leur tête, Sofian Khammes (excellent de film en film depuis CHOUF) et un très émouvant Pierre Lottin.

D’Emmanuel Courcol. Avec Kad Merad, David Ayala, Lamine Cissokho. France. 1h46

3Etoiles

 

 

 

 

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