FINCH : chronique

03-11-2021 - 17:05 - Par

FINCH : chronique

Justesse de mise en scène et puissance des sentiments : le film familial à son meilleur, avec des Tom Hanks et Caleb Landry Jones impériaux.

 

La pandémie de COVID-19 nous aura au moins rappelé, même brutalement, que l’expérience de l’altérité, le lien à l’autre, définit en partie ce qui nous rend humain, notre capacité de sympathie et d’empathie. C’est notamment ce qu’explore près de deux heures durant FINCH et son scientifique éponyme (Tom Hanks), survivant tant bien que mal dans un no man’s land apocalyptique. Il s’est donné une mission : construire un robot intelligent et humanoïde, Jeff (Caleb Landry Jones) qui, après sa mort, pourra s’occuper de son chien Goodyear… Les premières secondes de FINCH ont beau dérouler le petit illustré du post-apo avec ses plans qui arpentent les vestiges abandonnés d’une civilisation, elles n’en regorgent pas moins d’une poignée d’images iconiques – dont cette silhouette qui se détache dans le maelstrom d’une tempête de sable. Surtout, dès cette introduction, le réalisateur Miguel Sapochnik (REPO MEN, GAME OF THRONES) s’appuie sur ses images et affirme la précision, l’assurance de son storytelling visuel, qui sert autant l’exposition narrative que la caractérisation. Dans cette séquence puis dans les suivantes, la caméra capte la solitude, l’absence, autant que la beauté simple et évidente du lien. En l’occurrence celui qui unit Finch à son chien mais aussi à un petit rover qui les suit partout, et dont il prend soin comme d’un semblable. Peu à peu, alors que le récit passe du post-apo au road movie, que Jeff apprend les rouages de la vie, que les blocs du récit s’imbriquent, un savant équilibre entre gravité émotionnelle et légèreté s’établit. Sans doute parce que la longueur des plans établit elle aussi la nécessité de la connexion à l’autre : le découpage laisse les acteurs interagir, exister ensemble dans le cadre ou dans une scène, chacun y trouvant sa place – visuelle, narrative, émotionnelle. Pourtant, et c’est le prodige du film, un seul humain apparaît à l’image. Face à Tom Hanks et sa noblesse habituelle, le robot Jeff, superbement campé par Caleb Landry Jones dont la personnalité jaillit de chaque intonation de voix et de chaque mouvement, et un chien, que rien n’anthropomorphise – le film comprend à la perfection ce qui unit un cabot à son maître. Le cœur de FINCH est là, battant, dans la beauté de ce trio et de ses interprètes, qui illumine chaque séquence à mesure qu’humain, robot et chien apprennent à se faire confiance et à s’aimer. Une véritable production Amblin comme on croyait ne plus jamais en voir, contée avec classicisme et élégance, sans rebondissement putassier, mais avec une grande justesse de sentiments et son lot de décharges émotionnelles. 

De Miguel Sapochnik. Avec Tom Hanks, Caleb Landry Jones. États-Unis. 1h55. Sur Apple TV+ le 5 novembre

5EtoilesRouges

 

 

 

 

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