TOGO : chronique

07-04-2020 - 09:43 - Par

TOGO : chronique

L’histoire vraie de l’exploit héroïque d’un homme et de son chien. Pauvrement mis en scène, mais d’une surprenante justesse.

 

Alaska, 1925. Une épidémie de diphtérie menace les enfants de la ville de Nome. Des sérums sont disponibles à plusieurs centaines de kilomètres de là mais une violente tempête empêche toute expédition par les airs. Le conducteur de traîneau Leonhard Seppala se porte volontaire pour aller les chercher avec son attelage, mené par son chien Togo… Sur le papier, TOGO avait tout pour n’être qu’un film « inspiré de faits réels » de plus, une reconstitution factice d’un pan plus ou moins connu de l’Histoire. Mais cette production Disney destinée à sa plateforme de SVOD a l’intelligence de ne pas faire du « 1925 Serum Run », exploit mythique aux États-Unis, le cœur véritable de son récit. Il en serait même presque le point faible, tant sa mise en images se révèle approximative, entre des fonds verts ratés, des CGI baveuses et une spectacularisation bancale. TOGO, plus globalement, ne brille pas par la mise en scène d’Ericson Core (à la fois réalisateur et chef opérateur), plutôt impersonnelle. Non, le cœur de TOGO ne réside pas dans l’héroïque exploit accompli par Seppala et son chien mais bien dans la relation qui unit l’homme et son épouse Constance à leur animal. Construit sur des allers-retours permanents entre plusieurs temporalités – la course contre la montre pour récupérer le sérum et la jeunesse de Togo, puis son apprentissage –, le récit, même en dépit d’un certain didactisme, se révèle d’une grande patience. Il bâtit soigneusement l’amitié, puis l’amour, qui unit le chien à ses maîtres – les prestations sans faille, humaines et dénuées de mièvrerie de Willem Dafoe et Julianne Nicholson y sont cruciales. Refusant l’anthropomorphisation de son héros canin, Ericson Core fait un choix courageux : celui de laisser le spectateur comprendre, par l’observation et le ressenti, les émotions riches et complexes de ce chien né malade et fragile, mais doté d’une rare pugnacité. TOGO renoue par moments avec un cinéma d’aventure familial typique de la maison Disney d’antan et… finit par crever le cœur. À une demi-heure du générique, le récit met un point final au « 1925 Serum Run » et, plutôt que de se conclure sur ce triomphe, préfère débrayer et revenir à l’essentiel : Togo, Leonhard et Constance. Le film retranscrit alors avec justesse un lien magique, inexplicable : aucun maître digne de ce nom n’est préparé à perdre son chien ; aucun chien, même dans la douleur, n’est prêt à laisser son maître partir sans lui. Une décharge émotionnelle – bien aidée par la musique de Max Richter – qui permet à TOGO d’être bien plus que ce produit calibré et sans saveur qu’il aurait pu être.

D’Ericson Core. Avec Willem Dafoe, Julianne Nicholson, Christopher Heyerdahl. États-Unis. 1h54. Le 7 avril sur Disney+

3Etoiles

 

 

 

 

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