JACK MIMOUN ET LES SECRETS DE VAL VERDE : chronique

12-10-2022 - 10:09 - Par

JACK MIMOUN ET LES SECRETS DE VAL VERDE : chronique

Une grosse comédie bien rythmée et un film d’aventures énamouré de grand cinéma populaire – américain comme français. Une réussite.

 

Quelque chose serait-il en train de se (re)passer dans la comédie française ? Après de très longues années à végéter dans les concepts faciles, la vulgarité ou, tout simplement, dans la médiocrité d’écriture et de mise en scène, de jeunes auteurs tentent de faire bouger les lignes. Après le cartoon piraté au socio-réalisme politique des VEDETTES, puis le grand spectacle fantastique du VISITEUR DU FUTUR, Malik Bentalha étonne avec son JACK MIMOUN ET LES SECRETS DE VAL VERDE qui, avant d’être une grosse comédie, se veut film d’aventures amoureux, entre autres, des productions Amblin – le poster ne trompe pas. Parce qu’il a surmonté seul l’enfer sauvage de l’île de Val Verde, Jack Mimoun anime désormais une émission de survie si loin si proche de celle de Bear Grylls. Populaire, il a ses fans et sa figurine. Jusqu’à ce qu’Aurélie Diaz (Joséphine Japy) lui fasse miroiter une opération caritative et le ramène contre son gré dans la jungle de Val Verde. Mais pourquoi ? Ce pitch, JACK MIMOUN prend son temps pour l’installer. Les gags et les bonnes vannes ne manquent pas dans le premier acte, mais tout est surtout fait pour permettre à ce héros branque de s’incarner à l’image, avant qu’il ne laisse finalement le spectacle à ses acolytes. Une merveilleuse idée de Malik Bentalha qui, au lieu de transformer son premier film en stand-up à sa gloire, sert la cohésion de son univers et permet à tous les personnages d’exister, chacun avec sa personnalité et ses enjeux dramatiques – aussi farfelus soient-ils. Une humilité qu’il pousse en laissant la plupart des moments de comédie les plus dévastateurs à Jérôme Commandeur, magistral en pourvoyeur blasé de punchlines mémorables et à François Damiens, plus rigoureux et drôle dans sa folie douce que bien souvent. Cette efficacité comique a d’autant plus de résonance qu’elle n’empiète jamais sur tout le reste : parce que Bentalha et son équipe soignent la photographie et la réalisation, parce qu’ils disséminent les références sans en faire l’ADN du projet, parce que les effets visuels sont réussis et les décors de studio joliment surannés, parce que la musique orchestrale de Mathieu Lamboley se teinte des élans épiques des partitions spielbergiennes de John Williams, JACK MIMOUN ne se réduit jamais aux rires qu’il suscite. Le film perd un peu de sa singularité lorsqu’apparaît un méchant – alors que le récit reste longtemps dépourvu d’antagoniste –, mais retrouve rapidement un deuxième souffle et s’impose sans forcer comme un vrai bon spectacle familial, sincère et populaire, dans tout ce que ces termes ont de plus noble.

De Malik Bentalha et Ludovic Colbeau-Justin. Avec Malik Bentalha, Joséphine Japy, Jérôme Commandeur. France. 1h42. En salles le 12 octobre

4Etoiles

 

 

 

 

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