SCREAM 6 : chronique

07-03-2023 - 21:05 - Par

SCREAM 6 : chronique

Un an après son retour sanglant – qui ne nous avait pas franchement convaincu – Ghostface revient déjà refaire son malin et aiguise son couteau dans les rues de New York. Et c’est plutôt une bonne nouvelle ! Amusant, violent et attachant.

 

CRITIQUE SANS SPOILERS

Il faut croire que Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin avaient besoin de tuer le père pour pouvoir enfin faire leur SCREAM. Ou plutôt de l’enterrer avec les honneurs. « Rien ne remplace l’original » ne cessait de hurler un SCREAM 5 pas bien malin qui, à force de citation et de relecture stérile, avait effectivement réussi à nous convaincre de revoir plutôt les films de Wes Craven et d’oublier celui-ci. On dira qu’il s’agissait d’une forme d’hommage, une façon d’être poli, une période de deuil de la saga. Car un an après, Ghostface revient terroriser Sam, Tara et sa bande et il ne s’excuse plus de rien. Et ce, dès la scène d’ouverture. Amusante d’abord dans sa façon de réinventer le trope du coup de fil du tueur, elle prend soudain un virage inattendu qui balaie en une fraction de seconde tous nos doutes. OK, les règles ont changé. Tant mieux ! Surprenante, cette ouverture donne le ton et l’axe d’un film qui s’amuse en permanence à réinventer ses passages obligés, à jouer de manière vraiment ludique avec nos acquis un peu blasés de spectateurs. Tout est ici une question de mise en scène, plus frontale, plus violente, plus brutale aussi. Une réinvention des corps-à-corps qui va même jusqu’à mettre dans les mains de Ghostface un fusil à pompe dans une scène glaçante. Tout d’un coup, ces légers décalages (bye bye le calme flippant de Woodsboro ; bienvenue à New York, ses rues bondées et ses immeubles serrés, décors de quelques scènes tendues), ces petites entorses à l’univers réinjectent de la tension. Un va-et-vient entre le déjà vu et la surprise qui donne à SCREAM 6 un rythme parfait – et ce jusqu’à un ultime virage final, un jeu de point de vue osé, mais hélas pas complètement assumé.

Bien sûr, l’intrigue est balisée. C’est le charme du cinéma de genre. Les meurtres s’enchaînent, les personnages doutent, se suspectent (le whodunit fonctionne ici à plein régime), font les pires choix et finissent toujours par se retrouver pile là où il ne fallait pas. Mais de ce canevas classique, Gillett et Bettinelli-Olpin tirent le meilleur en y accentuant l’amour et la violence. On y meurt beaucoup dans SCREAM 6 et de manière très douloureuse – les réalisateurs sont les rois de l’insert cracra fugace qui remplit parfaitement son office – mais on s’y aime aussi énormément. Ces effets de soap, ces moments de tendresse, ces baisers fugaces, ces grandes déclarations finissent par fabriquer une bande de personnages étonnamment attachants. Des survivants pas dupes, bien conscients que le cauchemar n’est jamais tout à fait fini, qui ont délaissé leur ironie stérile d’ado sur-écrit pour devenir des personnages inquiets. Là où SCREAM 5 les réduisait à des clichés volontaires, SCREAM 6 donne un peu plus d’épaisseur à Sam, Tara, Chad et Mindy en leur donnant le temps d’avoir des sentiments. Entourés de petits nouveaux, ils vont croiser sur leur route une autre rescapée, Kirby qui, elle aussi, a enfin le temps d’exister un peu. Même Gale Weathers, rescapée de la saga d’origine, gagne en épaisseur à chaque apparition. Si bien que lorsque Ghostface débarque, la violence a soudain plus d’impact.

Si le dénouement n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur du reste (on y sent encore les verrous d’une industrie frileuse à l’idée de tout casser dans la saga), SCREAM 6 a le mérite de prouver que l’invention est aussi une forme de révérence et d’hommage. Jamais la saga n’a aussi bien célébré Wes Craven que dans cette scène de métro terrifiante où les deux réalisateurs poussent la terreur jusqu’à l’abstraction stroboscopique. On est loin de SCREAM et pourtant en plein dedans. En laissant tomber leur jeu de calque, en acceptant l’héritage de Craven, non comme un poids, mais bien comme un terrain de jeu avec lequel dialoguer et créer (les fans attentifs verront dans certains passages la réécriture cachée de certaines scènes de SCREAM 2), Bettinelli-Olpin et Gillett font de ce re-retour de SCREAM un divertissement sanglant à la fois violent, amusant et attachant. On avait décidé de raccrocher avec Ghostface. Finalement on prendra son prochain appel. En espérant qu’il soit encore plus personnel.

De Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin. Avec Jenna Ortega, Melissa Barrera, Hayden Pannettiere… En salles le 8 mars

 

 

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