SAKRA, LA LÉGENDE DES DEMI-DIEUX : chronique

09-05-2023 - 11:33 - Par

SAKRA, LA LÉGENDE DES DEMI-DIEUX : chronique

Cela faisait presque 20 ans que Donnie Yen, superstar de l’industrie chinoise, n’était pas passé derrière la caméra. Un retour emballant à un cinéma au romanesque échevelé.

 

Chine, Xe siècle. Qiao Feng (Donnie Yen) est un maître en arts martiaux, respecté par son clan, les Song, dynastie royale. Mais ses origines lui sont encore mystérieuses ; il appartient probablement aux Khitan, le peuple nomade ennemi. Son identité devient suspecte. Accusé d’avoir assassiné une figure de son clan, mais aussi ses propres parents, Qiao Feng, banni par les Song, part en quête de vérité. Il rencontre notamment la jeune Azhu (Chen Yuqi), une servante dont il sauve la vie et dont il va tomber amoureux. Adapté du roman « Demi-Gods and Semi-Devils » par Jin Yong (inédit en France), SAKRA est un wuxia dans les règles de l’art, ces films de sabre, en costumes, qui ne s’embarrassent jamais, dieu merci, de réalisme. Les héros et héroïnes ont des aptitudes physiques surnaturelles, leur puissance n’a d’égale que la force mentale qu’ils ont acquise à force d’entraînements drastiques. Ce sont les super-héros des récits classiques chinois. Au mépris du cynisme contemporain, et respectueux des codes du genre, SAKRA déroule un sentimentalisme entier, un romanesque échevelé, un tragique grandiose et même si les dilemmes sont nombreux, que le bien et le mal se livrent une lutte permanente, y compris dans le cœur des plus valeureux combattants, le film roule sur un code d’honneur et une morale sauve. Western naïf, aux décors et costumes absolument somptueux, SAKRA remet de l’épique sur grand écran. C’est bien beau les sentiments, mais Donnie Yen n’a pas mis 19 ans à revenir à la mise en scène (c’est le temps qui sépare SAKRA et PROTÉGÉ DE LA ROSE NOIRE, coréalisé avec Wong Chun-chun en 2004) pour nous servir une simple bluette. Si le film est particulièrement bavard, un défaut présent dans la première heure mais beaucoup moins par la suite, et (trop) fourni en personnages – on s’y perd un tout petit peu –, il est surtout généreux en action. L’acteur a beau avoir 59 ans, ses aptitudes physiques ne semblent avoir aucune limite. Sublimée par son expérience monumentale dans les chorégraphies – il a été « action director » sur plusieurs dizaines de films, y compris sur des productions hollywoodiennes sans forcément être crédité comme tel –, sa maîtrise des arts martiaux et donc de l’espace et du rapport entre corps et caméra élève le film vers des sommets d’élégance et de précision. D’aucuns diraient – et ils n’auraient pas foncièrement tort – que le film emprunte son efficacité à la rigueur américaine, son rythme et son spectacle aux impératifs hollywoodiens. Peut-être mais ça n’empêche pas le plaisir. SAKRA et ses 2h10 d’action millimétrée et brutale, c’est du cinéma au carré.

De Donnie Yen. Avec Donnie Yen, Yuqi Chen, Cheung Siu Fai. Hong Kong / Chine. 2h10. En salles le 10 mai

Note : 4/5

 

 

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