DOGMAN : chronique

27-09-2023 - 14:51 - Par

DOGMAN : chronique

Le travail du critique lui réclame de connaître ses préjugés, tout en laissant à chaque film l’opportunité de les surmonter. Dont acte.

 

Maltraité durant son enfance, un jeune homme, Douglas, a trouvé le salut grâce à sa meute de chiens, avec qui il mène désormais une existence en marge. Jusqu’à ce qu’il entre en conflit avec un malfrat du coin… « Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien » assurait Lamartine, cité en préambule de DOGMAN. Impossible, alors, de ne pas regretter que le nouveau film de Luc Besson peine justement à donner la part belle à ses canidés. D’autant que, lorsque c’est le cas, le cinéaste les met en scène avec son sens habituel de l’image. Il accède même à une certaine vérité, notamment parce qu’il ne cherche jamais à expliquer ou à théoriser le lien entre un maître et son compagnon ; il laisse le merveilleux infuser pour réifier à l’écran la compréhension qui lie Douglas à sa meute. Tout l’ADN de DOGMAN semble résumé là, rappelant que Luc Besson a toujours été meilleur réalisateur que scénariste. Cette histoire apparaît évidemment très personnelle pour le cinéaste – peut-être trop, si bien que pointent des élans d’autocomplaisance, dont il a déjà souvent abusé par le passé, notamment pour caractériser son rapport à la critique. Pourtant, DOGMAN bute sur un manque d’enjeux et de construction dramaturgique, à peine voilé par une roublarde structure en flashbacks. Alors qu’il caractérise à gros traits les méchants de son film, menant DOGMAN à d’inévitables poncifs (musicaux notamment, la partition affectée d’Eric Serra au violoncelle empruntant à celle de JOKER), il réussit néanmoins quelques beaux et vrais tours de force. De purs moments de cinéma, désarmants, qui, sur le papier, ne devraient pas fonctionner et qui, pourtant, finissent par emporter – la scène où Douglas chante au cabaret ; toutes les scènes avec les chiens ; la fin. Là, DOGMAN se voit porté à bout de bras par son interprète principal, Caleb Landry Jones, généreux et intense, dont la prestation à la fois mentale et physique impressionne par sa densité, sa complexité et son audace, à la frontière des genres et des tonalités. Voir évoluer à l’écran un acteur d’une telle élégance et d’une telle témérité est un grand plaisir de spectateur.

De Luc Besson. Avec Caleb Landry Jones. France. 1h54. En salles le 27 septembre

 

Note : 3

 

 

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