THE CREATOR : chronique

27-09-2023 - 14:52 - Par

THE CREATOR : chronique

Gareth Edwards exorcise ROGUE ONE et réalise enfin le grand spectacle humain et incarné qui ne faisait qu’affleurer dans ses précédents films.

 

Et si ce que Gareth Edwards avait subi sur ROGUE ONE l’avait fait basculer vers une autre dimension ? Jusqu’à présent, son talent visuel ne faisait aucun doute. La récurrence de figures et thématiques témoignaient aussi bel et bien de l’existence de son univers. Mais sans doute que le manque de moyens sur MONSTERS, puis leur surabondance sur GODZILLA et ROGUE ONE, avaient fini par étouffer le cinéaste dont les films, conceptuels, manquaient d’incarnation. Sur THE CREATOR, sorte de film-thérapie, il semble enfin s’affirmer totalement. Bien sûr, on retrouve ici l’esprit du réalisateur, nourri à toute une certaine culture SF – l’empreinte de James Cameron notamment, d’ALIENS à TERMINATOR, en passant par le pire d’AVATAR (des méchants ratés), est omniprésente. THE CREATOR va pourtant patiemment asseoir sa propre identité. Après qu’une bombe nucléaire a détruit Los Angeles, l’Amérique mène en 2065 la guerre aux Intelligences Artificielles en Asie, où elles s’épanouissent librement. Ils demandent à un ancien soldat, Joshua (John David Washington, movie star incontestable) de détruire la nouvelle arme des IA, une enfant androïde, Alpha. Mais Joshua a d’autres plans… La première heure de cette aventure SF se déploie sans à-coups, voire sans aspérités : propre et mené à bon rythme, le récit s’appuie sur le charisme de Washington et sur le talent toujours affûté d’Edwards pour mettre en images. Fort de ses décors naturels, de ses effets visuels irréprochables, et de la photographie évocatrice de Oren Soffer et Greig Fraser, THE CREATOR déroule son programme avec un sérieux et une rigueur plus qu’appréciables, assurant le grand spectacle. Mais, alors qu’il fait forcément écho à l’air du temps et aux angoisses sur l’IA qui traversent la société et notamment le monde des Arts, THE CREATOR trouve finalement toute sa force… dans l’humain. Au-delà des idées qu’il explore, philosophiques (l’homme face à sa création) ou politiques (colonialisme et impérialisme), le film développe avec cœur la relation qui unit Joshua à Alpha. L’arc est classique – l’un utilise l’autre à son avantage avant de s’en rapprocher –, les sentiments qui en émergent résonnent avec une authentique puissance. Peu à peu, sans même qu’Edwards n’ait à surligner ses effets, l’alchimie qui unit les deux personnages et leurs interprètes prend forme et explose à l’image dans toute son émotion, portant la deuxième heure, aérienne. Là, la petite Madeleine Yuna Voyles se révèle une actrice exceptionnelle, déchirante d’humanité jusqu’au dernier plan, dont on se souviendra longtemps.

De Gareth Edwards. Avec John David Washington, Madeleine Yuna Voyles. États-Unis. 2h13. En salles le 27 septembre

Note : 4

 

 

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