ENTRE LES LIGNES : chronique

03-10-2023 - 17:30 - Par

ENTRE LES LIGNES : chronique

L’adaptation du « Dimanche des mères » de Graham Swift dans un film sensuel et politique.

 

Jane, aspirante écrivaine, est la bonne des Niven, un riche couple dont l’unique enfant est décédé récemment au front pendant la guerre. Elle entretient une liaison avec Paul Sheringham, jeune aristocrate, promis par ses parents à Mademoiselle Emma Hobday qui, quelques mois auparavant, devait épouser le fils Niven. De ce pitch digne d’un soap britannique, Eva Husson – et l’auteur Graham Swift avant elle – tire non seulement une histoire d’amour impossible très touchante, mais aussi un portrait d’une époque qui voyait les jeunes hommes tomber, laissant le pays marqué par le deuil. Mieux : le constat sociétal d’un bouleversement alors qu’une jeune prolétaire va pouvoir s’élever par les lettres. Délicat, sensuel, presqu’osé lorsqu’elle filme Jane et Paul s’aimer malgré les interdits – Odessa Young (ASSASSINATION NATION) et Josh O’Connor (SEULE LA TERRE, THE CROWN) forment un couple d’une modernité éblouissante –, Eva Husson fait dialoguer les corps et les décors pour un propos encore plus subtil sur la liberté des femmes et les devoirs des hommes dans les sociétés patriarcales. De la direction artistique d’une beauté fulgurante au groupe d’acteurs et d’actrices engagés pour les nouvelles représentations, ENTRE LES LIGNES surpasse son image « à l’eau de rose » pour s’élever vers le meilleur du cinéma britannique qui cache, derrière ses allures intimidantes voire surannées, une force politique indéniable.

D’Eva Husson. Avec Odessa Young, Josh O’Connor, Colin Firth. Grande-Bretagne. 1h44. En salles le 4 octobre

Note : 4

 

 

 

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