VERMINES : chronique

27-12-2023 - 17:27 - Par

VERMINES : chronique

Beaucoup de talent, voire des coups de génie, dans ce premier long-métrage qui conjugue cinéma d’horreur et cinéma social.

 

C’est un talent que l’on pensait réservé aux Anglais mais finalement VERMINES fait avec les araignées ce que ATTACK THE BLOCK faisait avec les aliens : transformer les barres d’immeuble en domaine d’une horreur surnaturelle et observer ainsi des jeunes, qui n’avaient a priori rien d’héroïque, avoir le cœur brave. Dans le film de Joe Cornish, comme dans celui de Sébastien Vanicek, on peut ainsi déjouer les clichés du cinéma social, raconter les rapports des cités avec leur police, offrir à son pays d’autres récits, loin de la tradition locale. En termes d’écriture, VERMINES est admirable : en une poignée de scènes, le réalisateur présente au spectateur les habitants de cette cité dont les années 60 avaient le secret. Une voisine qui déménage par ici, un vieux boxeur à la retraite par-là, un taré parano et violent dont il faudra se méfier. Tout le monde s’appelle par son prénom, on connaît les enfants d’à côté depuis qu’ils sont nés, on a traversé ensemble le décès d’une mère de famille. Dans la fourmilière, il y a Kaleb, amoureux des animaux et surtout des insectes, qui ramène au bercail une araignée issue d’un trafic et achetée sous le manteau. Mais la bête s’échappe, fait des petits et commence à attaquer. Il tarde à prévenir sa sœur avec qui ça coince depuis qu’elle a décidé de retaper et revendre l’appartement de leur mère décédée. Il y a aussi Mathys, son meilleur ami, et puis Jordy et Lila – un ami d’enfance avec qui il s’est brouillé et sa copine – venus aider aux travaux. Face à la boucherie perpétrée par les araignées, de plus en plus agressives et grossissant à vue d’œil, les cinq amis préparent leur départ mais les flics ont condamné les issues. Alors il va falloir faire le deuil de sauver tout le monde et surtout survivre dans cet immeuble délaissé par les pouvoirs publics, ce qui en soit, dans le film ou dans la vie, est déjà héroïque. Les bêtes sont partout, dans les aérations, planquées derrière les meubles, dans la bonde d’évacuation de la douche (meilleure scène de salle de bain depuis PSYCHOSE). Elles sont dégueulasses, rapides et calculatrices. Et l’effet est garanti : on jurerait qu’elles ont traversé l’écran. Parce qu’il y a un passif et de la dramaturgie entre les cinq copains – et aussi parce que parmi les cinq comédiens, il n’y en a pas un en-dessous –, leur sort nous importe. On tremble à la vue des araignées mais on tremble aussi pour eux. Partant d’un réalisme troublant et franchement flippant, Sébastien Vanicek emprunte ensuite la route plus fantastique de la série B, tout en gardant les enjeux humains au niveau maximal – il y a aussi de la tragédie dans VERMINES ce qui le rend en plus très touchant. Les araignées deviennent alors si nombreuses et si énormes qu’on se croirait chez Carpenter. Le tout sans jamais transiger sur la qualité des effets spéciaux. Du début à cette fin étrange et mystérieuse, c’est un film maîtrisé, qui confine souvent à la perfection.

De Sébastien Vanicek. Avec Théo Christine, Finnegan Oldfield, Lisa Nyarko. France. 1h43. En salles le 27 décembre

Note : 4

 

 

 

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