CAKE : chronique

08-04-2015 - 08:44 - Par

CAKE, prototype de drame à Oscars incarné par une actrice en mal de reconnaissance, peut aussi vous prendre par les sentiments.

Pour exister, certaines actrices américaines en mal d’amour s’offrent des rôles valorisants. Exemple avec Reese Witherspoon, productrice et actrice de WILD, dont elle était de tous les plans. La jolie blonde s’était également acheté les droits du roman « Les Apparences », mais David Fincher lui avait fait comprendre qu’elle n’était pas faite pour le rôle de l’épouse psychotique de GONE GIRL, lui préférant la sculpturale et distante Rosamund Pike. C’est dur et réducteur d’avoir l’image de la petite fiancée de l’Amérique. Et ce n’est pas Jennifer Aniston qui pourrait le nier. Entre comédies vulgos (COMMENT J’AI TUÉ MON BOSS, LES MILLER) et unes des magazines people (à quand le mariage avec Justin Theroux ?), l’ex-copine Rachel se morfond dans l’annexe « t’es bien mignonne » du cinéma. Alors elle produit CAKE. Un film moins tarte que son titre le laisse penser. Jennifer y joue une femme comme un petit machin acariâtre, ne quittant jamais ses pantoufles beigeasses. Elle est surtout pétrie de douleurs physiques et psychologiques, depuis qu’un accident de voiture lui a pris son autonomie et une bonne part de son humanité. Dans le groupe de soutien auquel elle participe, elle apprend le suicide d’une de ses connaissances (Anna Kendrick). Un drame qui la ramène forcément à sa propre envie de mourir. Gros plan sur le visage sans fard de Jennifer Aniston, lacéré de cicatrices et un peu bouffi: CAKE part dès ses premières secondes à la recherche des statuettes de l’Académie. Tout transpire la quête de crédibilité et la revendication du « risque artistique ». Mais il suffit de laisser sa chance à l’actrice, de passer outre le désespoir un peu pathétique, pour s’embarquer dans un film vraiment perturbant. Sous le soleil de plomb de Los Angeles, derrière « l’accomplissement » très américain d’avoir une maison d’architecte, une piscine et une femme de ménage, la vie d’une Californienne se délite sous nos yeux. Ce qui glace, c’est la retranscription à l’écran, particulièrement réussie, de l’atmosphère que fait régner une personne malade autour d’elle. Cette morbidité qui émane de l’ennui, le plomb du silence, l’odeur pestilentielle des siestes n’importe quand. Tout aussi anxiogène, cette manière dont notre Jennifer décatie s’empiffre de médicaments et exploite sa bonne, bien trop gentille, pour importer des analgésiques d’un Mexique qui maintient ses richissimes voisins dans un état de dépendance. Malheureusement, CAKE fait autant de promesses qu’il déçoit. Le film ne s’autorise jamais à être méchant ou radicalement critique et préfère, au final, se farder de bons sentiments. On y était presque.

De Daniel Barnz. Avec Jennifer Aniston, Sam Worthington, Anna Kendrick. États-Unis. 1h42. Sortie le 8 avril

 

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