LION : chronique

22-02-2017 - 12:12 - Par

LION : chronique

Après une belle première partie tel un conte cruel et classique, LION se cherche et s’effondre sur lui-même.

Lion-PosterSaroo, 5 ans, se retrouve seul dans un train et échoue à l’autre bout de l’Inde. Incapable de rejoindre son foyer, il erre dans la rue, slalome entre les dangers. Vingt ans plus tard, il mène une existence équilibrée en Australie auprès de sa famille adoptive. Bientôt, le besoin de chercher sa mère naturelle se fait sentir, comme une urgence. Construit en deux parties distinctes, séparées dans le temps et l’espace, LION est volontairement dual. Une manière de souligner brutalement la différence entre l’enfant qu’était Saroo et l’adulte qu’il est devenu. Une dichotomie censée permettre à la seconde partie de se déployer avec plus de facilité, de faire émerger naturellement l’émotion : le spectateur, parce qu’il a suivi le passé de Saroo, doit pouvoir comprendre plus aisément son présent, ses névroses, la manière dont il tente de les résoudre, dont il essaie de se relier à ‘l’avant’. Au final, tout le contraire se produit. La dualité de LION confine à la schizophrénie, tant il apparaît constitué de deux films profondément différents et inégaux. D’aucuns souligneront les parallèles entre la première partie de LION et SLUMDOG MILLIONAIRE – le récit suit un très jeune garçon en train d’errer dans les bras tentaculaires d’une mégapole indienne. Une comparaison réductrice, sans doute nourrie par le décor et la présence au générique de Dev Patel. Certes, tout comme chez Danny Boyle, on retrouve un filmage et une narration à hauteur d’enfant. Mais là où le cinéaste anglais avait opté pour une effusion sensorielle et lumineuse, un élan positif, Garth Davis et son chef opérateur Greig Fraser façonnent une ambiance plus inquiétante, plus cruelle. Fraser démontre encore sa maîtrise de la caméra à l’épaule, source d’une grande énergie, tandis que d’autres cadres plus posés et certains choix d’éclairages – nocturnes, notamment – plongent LION dans une atmosphère étrange et cauchemardesque. Là, le film, porté par la prestation du jeune Sunny Pawar, a des atours prenants de conte classique – croisement entre « Le Petit Poucet » et « Hansel & Gretel ». Malheureusement, tout s’effondre dans la deuxième moitié. La construction du Saroo adulte – bien qu’interprété avec justesse par Dev Patel – apparaît bancale. En dépit de ce que l’on sait de son passé, ses choix semblent poussifs car souvent mal caractérisés par le script et mal amenés par le montage. LION sombre peu à peu dans le convenu et il rappelle alors sans élégance qu’il est inspiré de faits réels en faisant brutalement entrer la réalité dans sa représentation fictionnelle, en une sorte de chantage lacrymal désagréable.

De Garth Davis. Avec Sunny Pawar, Dev Patel, Nicole Kidman. Australie. 1h58. Sortie le 22 février

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