ANNIHILATION : chronique

11-03-2018 - 18:11 - Par

ANNIHILATION : chronique

Alex Garland, chantre de la science-fiction existentielle, marque un nouveau point après le très convaincant EX_MACHINA.

Cela fait un an que Lena (Natalie Portman) pleure la disparition de son mari Kane (Oscar Isaac), soldat parti en mission top secrète. Quand il réapparaît, agonisant, elle et lui sont capturés par les autorités. On explique à Lena que le bataillon de Kane est en fait allé dans la zone X, une zone qui s’étend jour après jour, sous l’influence d’un « miroitement », sorte de demi-sphère dont on ne ressort pas vivant. La biologiste décide alors de prendre part à une nouvelle mission de reconnaissance avec quatre autres femmes scientifiques. Elles sont les alternatives naturelles à tous ces militaires qui ont échoué. Alex Garland tend toujours à orchestrer l’affrontement entre l’intellect et la violence physique. À l’instar de EX_MACHINA, huis clos philo sur fond d’étude des prouesses de l’intelligence artificielle finissant assez mal, la balade bucolique sous cloche d’ANNIHILATION pourrait dégénérer. C’est devenu la zone de confort de Garland : tout commence dans le débat, le discours, l’étude, les bonnes intentions et finit généralement dans des enjeux plus organiques, plus sauvages. Voyez SUNSHINE, dont il avait écrit le script – même si le résultat signé Danny Boyle lui a fortement déplu. L’horreur parvient toujours à s’insinuer dans notre jolie petite civilisation bien proprette et l’on s’interroge d’ailleurs sur la lubie d’Alex Garland de programmer en boucle la fin de l’humanité sous l’assaut sournois de forces plus malines. Moins dans l’abstraction que le livre de Jeff VanderMeer qu’il adapte, le réalisateur nous concocte donc une virée à la PREDATOR dont on connaît l’issue dès le début : Lena en est revenue, mais seule. Tout le film consiste à lever deux mystères : d’une part, pourquoi ces femmes, toutes assez jeunes, ont-elles consenti à cette mission quasi-suicide ? Et que se passe-t-il en zone X ? L’étude de personnages – plus spécialement celui de Lena, décortiqué en flashbacks – est assez scolaire mais le thriller fantastique est plus recherché. On y parle lois de la nature, mutations génétiques, abandon de soi à l’environnement, et autres thèmes qui ne sont pas sans rappeler Kubrick ou UNDER THE SKIN. ANNIHILATION a beau être de la science-fiction existentielle, il respecte le cahier des charges narratif d’un certain cinéma mainstream – jusqu’à cette fin qui conclut un film assez simpliste sur une touche frimeuse. Si Paramount a revendu ANNIHILATION à Netflix, c’est peut-être qu’il manque d’attrait commercial (et encore, ça reste à prouver), mais il aura au moins bénéficié des moyens d’une major, d’où une « production value » assez admirable.

D’Alex Garland. Avec Natalie Portman, Tessa Thompson, Gina Rodriguez. États-Unis. 1h55. Le 12 mars sur Netflix.

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