EN AVANT : chronique

03-03-2020 - 10:17 - Par

EN AVANT : chronique

En apparence mineur, un Pixar étonnamment délicat et émouvant sur l’art d’être un mec bien. Très beau.

 

Machine de guerre poétique, maniant l’art du concept et de l’émotion avec une virtuosité qui file souvent le tournis, le cinéma de Pixar est devenu pratiquement un genre en soi. Alors forcément on en attend toujours beaucoup. Trop ? Étrangement, EN AVANT est le film de la décroissance. Et ça fait un bien fou. Un récit simple, linéaire – la course de deux frères pour faire apparaître le fantôme de leur père décédé (simple pour du Pixar, oui oui !) – qui peut donner un temps l’impression d’un film en pilote automatique. Mais l’univers mythologique joyeux du film (Pixar sait faire société comme personne et le film regorge de chouettes trouvailles), d’ordinaire cœur de la démonstration de force du studio, n’est ici en fait qu’une toile de fond. D’abord burlesque façon buddy movie contrarié, l’odyssée d’Ian et Barley devient très vite un dialogue subtil et délicat entre deux frères, deux garçons qui se demandent comment bien grandir, comment être des mecs biens. En entremêlant ainsi l’heroïc fantasy au mélo le plus intime, EN AVANT dessine de beaux personnages « lambda » (un frère fana de jeux de rôle, un ado timide, une maman pugnace, un beau-père coincé…) et les transforme en héros, non par le spectaculaire, mais par la façon dont ils se révèlent petit à petit à nous, fragiles et pourtant toujours debout. On partait blasés, on finit en larmes. Pixar nous surprendra toujours.

De Dan Scanlon. Avec les voix originales de Chris Pratt et Tom Holland. Etats-Unis. 1h40. Sortie le 4 mars

4Etoiles

 

 

 

 

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