7500 : chronique

19-06-2020 - 10:07 - Par

7500 : chronique

Après le très remarqué court-métrage EVERYTHING WILL BE OKAY, Patrick Vollrath signe un premier long convaincant.

 

Mises à part les premières minutes du générique introductif, succession d’images de surveillance reconstituant le parcours d’un passager dans les couloirs de l’aéroport de Berlin, 7500 se déroule entièrement dans un unique et même lieu, extrêmement réduit qui plus est : le cockpit d’un avion de ligne. Tout débute par l’arrivée dans l’habitacle du capitaine (Carlo Kitzlinger, lui-même ancien pilote) et de son second (Joseph Gordon-Levitt, excellent et dénué de tout maniérisme héroïque). Alors que les premiers passagers embarquent, ils effectuent les premières vérifications de rigueur tout en échangeant quelques banalités et vagues détails de leur vie privée, informations avec ou sans importance transmises subrepticement au spectateur. Immédiatement, la précision de la construction interpelle : le design sonore et l’ambiance générale que dégagent ces instants se révèlent frappants de réalisme. Même regardé sur une télévision, 7500 propulse et immerge le spectateur dans le cockpit d’un avion. Cette base solide a son importance car le vol 7500 va rapidement être le théâtre d’une violente tragédie. Passé le décollage, des terroristes attaquent passagers et personnel de bord puis viennent à l’assaut de la porte de la cabine de pilotage. Bien que tout ce qui se déroule au-delà de cette cabine reste hors champ ou circonscrit à ce que le capitaine et son second peuvent en voir sur un petit écran de contrôle en noir et blanc, la violence qui se joue bouscule le spectateur justement parce que Vollrath a pris le temps d’asseoir la crédibilité de son décor. L’empathie, l’identification et la peur sont donc immédiates. Son court-métrage EVERYTHING WILL BE OKAY, histoire d’un père divorcé qui enlève sa petite fille de 8 ans, insufflait du thriller dans un récit intime. 7500 se joue presque à l’inverse : d’un suspense typique de cinéma, Vollrath tire un récit intime et brut, davantage porté sur sa véracité que sur une quelconque spectacularisation. Et même si l’on pense inévitablement à VOL 93, 7500 s’affirme plus statique et sec : bien que collé à ses personnages, la caméra enregistre les faits avec une certaine distance, tandis que la longueur des plans et le montage construisent patiemment la montée dramatique. Le tout sans la moindre musique. 7500 connaît bien quelques baisses de tension et succombe à quelques passages obligés. Mais il renouvelle aussi constamment ses enjeux et parvient à observer son sujet depuis de multiples points de vues, lui évitant ainsi de sombrer dans la putasserie. Imparfait comme tout premier film, mais riche et rigoureux comme peu le sont.

De Patrick Vollrath. Avec Joseph Gordon-Levitt, Omid Memar, Aylin Tezel. Allemagne / Autriche. 1h32. Sur Amazon Prime Vidéo

3Etoiles

 

 

 

 

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