BABYLON : chronique

13-10-2020 - 15:32 - Par

BABYLON : chronique

Ce film anglais, de 1980, dresse un portrait sans concession du racisme sous Thatcher. Longtemps inédit en France, il sort en version restaurée.

 

Dans les années 80, l’Italien Franco Rosso a fait de l’Angleterre son pays d’adoption. Peu intégré, il a mis son métier au service des minorités. Avec BABYLON, il a scruté, dépeint et dénoncé le rejet et la haine subis par la communauté afro-caribéenne, la fameuse génération Windrush et ses enfants. Cet ancien assistant de Ken Loach (sur KES) livre avec BABYLON l’un des témoignages les plus puissants de l’époque, fort d’un regard aussi personnel qu’extérieur. Utilisant d’abord des ressorts de comédie générationnelle, Franco Rosso plonge dans la scène des sound-system reggae de l’époque et suit au plus près Blue (Brinsley Forde, du groupe Aswad), jeune homme qui veut percer dans le DJ-ing. Sur son parcours, des concurrents qui imposent de meilleurs sons et surtout des flics, des patrons et des voisins racistes. En plaçant sa caméra au cœur de la communauté afro-caribéenne – plus particulièrement jamaïquaine –, en montrant l’importance du mouvement rastafari, Rosso souligne le péché originel de l’esclavage et de la colonisation. Les films qui osaient confronter le vieux continent à son passé et son racisme ne sont pas légion. BABYLON est pour l’Angleterre ce qu’un film comme SOLEIL Ô de Med Hondo (sorti en 1973) est pour la France : un choc politique, un témoignage qui dérange. Avec BABYLON, Franco Rosso tire le meilleur du réalisme social britannique et fait du cinéma en colère comme il respire.

De Franco Rosso. Avec Brinsley Forde, Karl Howman, Trevor Laird. Grande-Bretagne. 1h35. Sortie le 14 octobre

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