A DARK, DARK MAN : chronique

13-10-2020 - 15:35 - Par

A DARK, DARK MAN : chronique

Avec une grande assurance de mise en scène, Adilkhan Yerzhanov continue de disséquer les rouages de la corruption et de la violence.

 

Dans une bourgade kazakhe, on retrouve le cadavre d’un garçon violé. Bekzat, policier, est chargé de « suicider » le suspect fabriqué par ses supérieurs. Mais une journaliste, Ariana, débarque sur les lieux… Dans son superbe précédent long, LA TENDRE INDIFFÉRENCE DU MONDE, Adilkhan Yerzhanov confrontait deux âmes pures et gracieuses à la corruption du monde. À travers eux, subsistait une lueur d’espoir. Avec A DARK, DARK MAN, le regard du cinéaste bascule dans la radicalité : à travers le point de vue d’un flic corrompu dont la conscience s’éveille, Yerzhanov construit un univers où la violence n’est pas nécessairement toujours un choix, mais également un élément indispensable et parfois subi de la survie. « On t’applaudira parce que tu auras défendu les droits de l’homme. Mais ici, on se fera tous tuer », dit Bekzat à Ariana. Pur héros tragique de néo-noir, baladant sa carcasse usée comme dans un western des steppes, Bekzat tente de s’extirper des ténèbres – pas étonnant qu’un des penseurs des Lumières, Montesquieu, soit ici cité via « De l’esprit des lois ». Bien que toujours armé de son goût prononcé pour l’humour décalé voire absurde, Yerzhanov tend ici vers l’acidité d’un Loznitsa période MY JOY ou du Yuri Bykov de THE MAJOR, et emballe le tout dans un écrin à tomber – compositions millimétrées, subtils travellings raconteurs, score synthpop 80’s. À la fois raide comme un coup de trique et violemment jouissif.

De Adilkhan Yerzhanov. Avec Daniyar Alshinov, Dinara Baktybayeva, Teoman Khos. Kazakhstan / France. 1h50. Sortie le 14 octobre

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