THE CALL : chronique

26-11-2020 - 10:50 - Par

THE CALL : chronique

Ce thriller horrifique coréen, brutal et plutôt tordu, a les défauts d’un premier film : brouillon et parfois trop démonstratif.

 

Pour écrire THE CALL, son premier long-métrage, Lee Chung-hyun s’est librement inspiré de THE CALLER, un thriller (2011) de Matthew Parkhill avec Rachelle Lefèvre et Stephen Moyer que pas grand-monde n’a vu. Le postulat de THE CALLER – deux femmes communiquent par combiné interposé, l’une du présent, l’autre du passé – mérite bien un bon film et une bonne visibilité. On remercie le jeune metteur en scène coréen d’essayer de lui offrir ça, d’autant que les droits internationaux de son film ayant été acquis par Netflix, aucun souci pour l’exposition. Dans THE CALL, donc, Seo-yeon (Park Shin-hye, #ALIVE), dont la mère est très malade, revient dans la grande maison de son enfance. Elle reçoit un appel d’une femme en détresse qui se trompe d’interlocutrice. À force de coups de téléphone erronés mais insistants, Seo-yeon découvre que celle qui est au bout du fil existe vingt-cinq ans dans le passé, dans cette même demeure : Young-sook (Jeon Jong-seo, BURNING), persécutée par sa mère shaman (Lee El, THE MURDERER), fait de Seo-yeon son amie et lui propose de changer, depuis le passé, le cours actuel de sa vie, pour le mieux. Malheureusement, la bienveillance de Young-sook ne va pas durer. Si tant est qu’on ne soit pas trop regardant sur les paradoxes temporels – sujet sensible –, le récit de THE CALL tient étonnamment la route. Des relations entre les deux femmes à leurs psychologies fragiles respectives, le charisme des deux actrices agit comme le puissant catalyseur de notre intérêt. Jeon Jong-seo, dont ce n’est que le deuxième long-métrage, marche sur les traces de Ha Jung-woo, version psychopathe de THE CHASER, ouvertement cité d’ailleurs dans une scène sanguinolente. Sa prestation n’est pas aussi froide, c’est vrai, elle est plus psychopathique et exubérante mais à peine moins glaçante. Park Shin-hye, elle, reste dans une émouvante sobriété et vit toutes les horreurs que lui fait subir le scénario à travers une performance joliment mélo. Bien que la facture générale nous donne envie d’être tolérant avec les incohérences de scénario, il y a sur la fin un grand laisser-aller qu’on pardonne un peu moins. Ça n’empêche pas le film d’être une solide carte de visite pour Lee Chung-hyun, visiblement bon directeur d’acteurs, pas manchot de sa caméra mais qui devrait faire le deuil des outils numériques. Quand il en use et en abuse dans THE CALL, c’est là que la force et la beauté de ce film de maison hantée, où le fantôme est toujours vivant, se perdent un peu. Dommage qu’il n’ait pas troqué l’emphase visuelle contre plus de technique dramaturgique.

De Lee Chung-hyun. Avec Park Shin-hye, Jeon Jong-seo, Kim Sung-ryung. Corée du sud. 1h52. Sur Netflix le 27 novembre

3Etoiles

 

 

 

 

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