THE PROM : chronique

10-12-2020 - 11:29 - Par

THE PROM : chronique

Sur le papier, on était déjà prêt à se rouler dedans. Mais malgré son casting royal et son propos touchant, THE PROM tombe à plat. Sympatoche, sans plus…

 

À chaque projet, on se pose la même question : Ryan Murphy en fait-il trop ? Souvent, c’est un compliment. Une manière de célébrer sa façon goguenarde de concevoir des fictions à tiroir, faussement naïves, enluminées de gore, de sexe et de provocs chatoyantes pour mieux nous mener par le bout du nez (et de nos pulsions) là où il veut. Mais devant THE PROM, bizarrement et peut-être pour la première fois, on s’interroge : et si Murphy était un poil paresseux ? Pourtant sur le papier, tout ressemble à un rouleau compresseur pop inarrêtable et sur-vitaminé comme on aime. Adaptation d’un récent succès de Broadway, THE PROM réunit le chic d’un casting glamour (Meryl Streep, Nicole Kidman, James Corden, Keegan-Michael Key, Andrew Rannells, what else ?) et le choc d’un sujet malin (des has been de Broadway décident de se faire de la pub en défendant une jeune lycéenne lesbienne à qui on interdit de venir en couple à son bal de fin d’année), tout ça sur fond de musical pop. On démarre THE PROM comme on plonge la main dans une boîte de friandises : prêt à saliver. Et le début, tout en over-paillettes et en over-acting, file immédiatement le sourire. Tout est trop pour être vrai et Murphy de ricaner avec nous de ces artistes opportunistes dont le progressisme n’est qu’une façade publicitaire. Et puis ça coince. Ou plutôt ça s’essouffle. Meryl Streep en fait des tonnes, Keegan-Michael Key est un entertainer affûté, Nicole Kidman fait de la figuration élégante, le jeune casting a le charme désuet des comédies pour ado qu’on aime, mais c’est en vain. Rien ne décolle vraiment. Fasciné par son casting iconique, Murphy en oublie de les regarder vraiment, de les challenger, de les embellir, de les questionner, de les bousculer : en gros, de les mettre en scène. Comme si tout ce beau monde se suffisait à lui-même. Si à la lumière, Matthew Libatique fait des merveilles (le film scintille comme une boule à facettes), Murphy, à la réalisation, n’a aucune idée, aucune ambition si ce n’est celle d’illustrer et de s’émerveiller de son casting en roue libre. C’est un peu court et c’est bien dommage. Car dès lors, sans point de vue, sans chef d’orchestre, le propos perd en piquant et la bascule émotionnelle du scénario tombe à plat (James Corden en constant cabotinage n’aide pas). Loin d’être désagréable, grâce à l’énergie de l’ensemble (Andrew Rannells vole le show en une scène) et au propos inclusif, cette histoire méritait un écrin bien plus travaillé pour atteindre la perfection joyeuse des grands musicals. Murphy a ici sacrifié le brillant sur l’autel du clinquant.

De Ryan Murphy. Avec Meryl Streep, Keegan-Michael Key, Jo Ellen Pellman, Nicole Kidman, Andrew Rannells. États-Unis. 2h10. Sur Netflix

2Etoiles

 

 

 

 

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