MINUIT DANS L’UNIVERS : chronique

23-12-2020 - 17:49 - Par

MINUIT DANS L’UNIVERS : chronique

« 2020, le film » : George Clooney imagine notre futur apocalyptique, où l’idée de séparation conditionne la sauvegarde de l’espèce humaine. Joyeux Noël.

 

Février 2049. Un mystérieux événement a embrasé le monde, signant l’arrêt de mort prochaine de l’Humanité. Dans un labo du cercle arctique qu’il est le seul à avoir refusé de quitter, le professeur Augustine (George Clooney) découvre bientôt une petite fille (Caoilinn Springall) oubliée lors de l’évacuation. Dans le même temps dans l’espace, des astronautes partis trouver un nouvel habitat pour l’Homme font le chemin retour vers la Terre. Augustine va tout tenter pour entrer en contact avec eux et les exhorter à rebrousser chemin… Une planète maltraitée qui se meurt. Des humains balayés par un mystérieux mal. L’obligation de la séparation pour assurer la survie de l’espèce. Parfois malgré lui, MINUIT DANS L’UNIVERS se révèle étrangement pertinent pour l’époque. Mais contrairement à sa précédente réalisation, l’inégal BIENVENUE À SUBURBICON, George Clooney soigne ici la force du récit avant la toute-puissance du propos. MINUIT DANS L’UNIVERS a la belle idée de filmer les astronautes exister au-delà de leur mission : lors de pauses dans leur travail, ils se baignent dans des hologrammes quasi amniotiques recréant certains de leurs souvenirs. Là, en confondant dans la même image passé et présent, en rapprochant l’espace et la Terre, ce concept réifie le cœur émotionnel du film – la nécessité du lien humain – et sa mécanique narrative – deux trames séparées par des millions de kilomètres doivent se rejoindre. MINUIT DANS L’UNIVERS fait un quasi sans-fautes sur le cœur émotionnel. Quelques gros plans sur des objets délaissés, un travail intéressant sur les lignes de fuite dans des décors cliniques suffisent, dans le premier acte, à installer puis transmettre le dénuement psychologique et physique d’Augustine – qui bénéficie de l’aura de Clooney acteur, véritable catalyseur d’empathie. Parce que Clooney réalisateur fait acte de retenue – dommage que la musique d’Alexandre Desplat, très descriptive, ne soit pas au diapason –, la solitude d’Augustine, ses peines et ses questionnements sonnent juste. Loin de cette introspection contemplative, ce qui se joue du côté des astronautes a une certaine tendance à la mise à distance, à la toute-puissance de l’intrigue, des rebondissements inutiles ou des passages obligés – une sortie dans l’espace bien trop longue et similaire à GRAVITY. Lorsque les deux trames se rejoignent enfin totalement, MINUIT DANS L’UNIVERS rectifie la trajectoire : la contemplation prend du corps et l’intrigue, de la substance émotionnelle. Le film trouve enfin son équilibre et son homogénéité dans ces élans mélodramatiques certes appuyés, mais payants.

De George Clooney. Avec George Clooney, Felicity Jones, Caoilinn Springall. États-Unis. 2h02. Le 23 décembre sur Netflix

3Etoiles

 

 

 

 

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