BOÎTE NOIRE : chronique

08-09-2021 - 09:37 - Par

BOÎTE NOIRE : chronique

Un jeune agent du BEA enquête sur le crash d’un avion de ligne. Un thriller paranoïaque efficace, pertinent et d’une belle tenue formelle.

 

Il est souvent reproché au cinéma français d’être divisé en deux catégories : les comédies et les drames bourgeois. Si le cliché révèle forcément une certaine vérité, on ne peut que constater la diversité rafraîchissante dont fait preuve le cinéma hexagonal ces derniers temps grâce à de jeunes cinéastes prêts à bousculer le statu quo, à faire bouger les lignes avec des propositions singulières et ce, dans tous les genres. Cette année, après MÉANDRE, GAGARINE, TEDDY, TITANE, COMMENT JE SUIS DEVENU SUPER-HÉROS ou ONODA, voici donc BOÎTE NOIRE de Yann Gozlan, (techno) thriller paranoïaque, quelque part entre BLOW OUT de Brian de Palma et LES TROIS JOURS DU CONDOR de Sydney Pollack. Lorsqu’un avion français reliant Dubaï à Paris s’abîme en montagne, Mathieu (Pierre Niney, excellent), jeune agent prometteur et ambitieux du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) est chargé de l’enquête. En analysant soigneusement les enregistrements de la boîte noire, il doit recoller les morceaux et expliquer la catastrophe. Sa quête de vérité va le pousser dans ses retranchements… BOÎTE NOIRE a cela d’américain qu’il se fixe en premier lieu sur une approche comportementaliste, liant la caractérisation de son histoire, de son propos, de ses personnages à un contexte professionnel. Une efficacité indéniable en émane. Propulsé dans un univers mystérieux et méconnu car ultra spécialisé dont le grand public se retrouve toujours exclu de fait, le spectateur se passionne immédiatement pour ce que filme Yann Gozlan – l’ouverture de la boîte noire ; les salles exigües dans lesquelles les agents du BEA tentent de mettre des raisons sur des tragédies ; les logiciels qu’ils utilisent pour nettoyer les sons. Si BOÎTE NOIRE s’était contenté de mettre en scène ce monde fascinant, avec ses bureaux désincarnés et ses experts disciplinés, il aurait déjà été passionnant. Mais Yann Gozlan insuffle très tôt à son histoire une nature paranoïaque, laissant lentement le thriller prendre le dessus : écrasée par des enjeux économiques dantesques, l’enquête de Mathieu ne peut que susciter impatience, inquiétude et pressions. Là, se met à jour une sorte de lutte des classes qui, inexorablement, oppose Mathieu au reste du monde. Grâce à un travail sur le son remarquable et une mise en scène précise, sans frime – tout juste le réalisateur se permet-il un hommage à BLOW OUT avec un plan circulaire à 360 degrés –, BOÎTE NOIRE entretient habilement son suspense. D’autant qu’écrit avec soin, sans dialogues sur-écrits ni sur-joués, le film fait preuve d’un naturel convaincant. Une réussite. 

De Yann Gozlan. Avec Pierre Niney, Lou de Laâge, Olivier Rabourdin. France. 2h09. Le 8 septembre

4Etoiles

 

 

 

 

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