Annecy 2022 : NAYOLA / Critique

15-06-2022 - 10:05 - Par

Annecy 2022 : NAYOLA / Critique

Sur deux époques, celle d’une mère et de sa fille, le cinéaste José Miguel Ribeiro raconte la guerre civile en Angola et ses cicatrices. 

 

En partie inspiré de la pièce de théâtre africaine lusophone The Black Box, NAYOLA raconte trois générations de femmes frappées par la guerre civile angolaise (1975 – 2002), survenue au lendemain de l’indépendance du pays. D’un côté, Nayola, celle du titre, la mère, partie dans les années 1990 retrouver son homme engagé dans le conflit et jamais revenue. De l’autre, dans les années 2010, Lelena, la grand-mère éprouvée par le temps et la peine tente de contenir Yara, sa petite-fille qui rappe sa colère contre un pays à la démocratie bien incertaine. Pour mieux différencier les deux temporalités, la partie passée est animée en 2D aux décors plus évocateurs que précis tandis que la plus récente est en 3D à l’environnement plus réaliste. Quelques images d’archives retravaillées par l’animation permettent également d’inclure Nayola dans les pas de l’Histoire. Au final, José Miguel Ribeiro donne à voir un grand film sur la guerre, sur sa perception et son vécu au féminin, sa souffrance, son errance, son absurdité, les cicatrices encore suintantes qu’elle laisse et les sacrifices qu’elle induit. Prenant toute la dimension de ce que peut l’animation, il ose, dans la partie de Nayola, un regard à la limite du réalisme magique qui permet d’entrer dans la psyché traumatisée d’une femme en quête d’un amour qu’elle refuse de laisser partir. Sans rien enlever de la brutalité du conflit, il nous entraîne dans un récit initiatique, tout en mouvements, dont il est impossible de revenir. À l’inverse, dans la partie de Yara, le cinéaste n’hésite pas à tenter une forme de statisme donnant toute la place aux émotions d’éclater. NAYOLA est une histoire de masques, bien réels, en hommage à ceux traditionnels de l’Angola et du théâtre antique, mais aussi imaginaires, de ceux que l’on se crée pour se protéger, de soi et du monde. NAYOLA ou regarder les masques tomber.

De José Miguel Ribeiro. Portugal / Belgique / France. 1h20. Prochainement

4Etoiles

 

 

 

 

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