Annecy 2022 : BUZZ L’ÉCLAIR / Critique

19-06-2022 - 18:15 - Par

Annecy 2022 : BUZZ L’ÉCLAIR / Critique

La nouvelle addition à la saga TOY STORY est une œuvre aussi réflexive qu’inventive et un bel hommage à ce que peut le cinéma sur notre imaginaire commun.

 

Le projet de BUZZ L’ECLAIR est annoncé dès le carton d’ouverture : « En 1995, Andy a reçu le jouet Buzz l’Éclair. Ce jouet est basé sur un film. Voici ce film ». Buzz l’Éclair, la figurine délirante de TOY STORY, persuadé d’être un vrai héros (et non un jouet !) et ennemi juré devenu meilleur ami de Woody serait donc le produit dérivé du blockbuster qu’Andy a vu et que nous nous apprêtons à découvrir. Une belle idée en soi, à savoir créer de toutes pièces le film qui aurait enchanté et inspiré toute une génération dont Andy fait partie. Pour cela, Pixar a imaginé un space opera renvoyant directement à des œuvres qui ont pignon sur rue dans notre imaginaire commun telles que les sagas STAR WARS et STAR TREK voire INTERSTELLAR ou ALIEN, pour n’en citer que quelques-unes. Avec cette histoire de Ranger de l’espace coincé, avec tout un équipage, sur une planète hostile suite à une erreur de pilotage, le studio offre un bel hommage à ce cinéma du rêve, de l’aventure et de l’épopée que l’on ne cesse de célébrer, maître étalon de notre cinéma du spectacle actuel dont on ne parvient à se détacher. L’existence même de ce film est la preuve qu’il nous est encore difficile de surmonter ces succès du passé.

Mais hasard du calendrier post-pandémie, c’est à une autre saga que BUZZ L’ÉCLAIR renvoie de manière flagrante : TOP GUN. En proto-Maverick du TOP GUN de 1986, Buzz y est un pilote hors-pair (on pourrait superposer les séquences de vol entre les deux films) et un héros courageux, doué, sûr de lui. Et tout comme ce dernier, ce n’est pas tant une menace extérieure qui s’avère être son ennemi que son propre hubris. Commettant l’erreur terrible du début du film, Buzz, comme Maverick avec la mort de Goose, s’embarque sur un chemin de la rédemption. Celle-ci est menée par sa culpabilité et un ego surdimensionné, Buzz pensant être l’alpha et l’omega de son environnement, au point de devenir autant le problème que la solution. Et c’est là où le film rejoint TOP GUN : MAVERICK. En lutte contre ses démons intérieurs, aveugle au monde qu’il a laissé de côté dans son obsession de la réparation de l’irréparable, Buzz, tout comme Maverick, doit apprendre à s’ouvrir, à faire confiance, à se décentrer pour mieux lâcher prise (« Let it go » dirait autant la Reine des neiges qu’Iceman dans une scène poignante du dernier TOP GUN) et redevenir le héros qu’il a toujours été. Peut-être aussi une manière de dire au cinéma qu’il est temps de tourner la page de ce qui a été pour mieux accompagner ce qui va être.

BUZZ L’ÉCLAIR réussit ainsi l’exploit d’être un film à la fois original et bourré de références, une œuvre réflexive qui s’inscrit parfaitement dans la saga TOY STORY, donnant à Buzz une raison à son délire originel. Mais contrairement à TOP GUN qui donne à voir tout ce que peut le réel, opposant au déluge de CGI de notre époque un argument marketing du vrai, BUZZ L’ÉCLAIR est une ode à ce que peut l’illusion du cinéma sur l’imaginaire, vers l’infini et au-delà.

(PS : Il ne faudrait pas oublier le nouvel élément, Socks, un chat robot aussi sarcastique qu’efficace, sorte de croisement entre le Jonesy de Ripley et R2D2. Et une belle addition au panthéon des chats roux du cinéma, de Garfield à Goose en passant par Pattenrond.)

De Angus MacLane. Avec les voix de Chris Evans, Keke Palmer, Taika Waititi. États-Unis. 1h40. En salles le 22 juin.

4Etoiles

 

 

 

 

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