PREY : chronique

04-08-2022 - 18:34 - Par

PREY : chronique

Si ce nouvel épisode de la franchise PRED ATOR est le meilleur depuis l’original, il peine à décoller et à imposer ses bonnes idées et intentions.

 

Après son lancement en 1987 sous la férule de John McTiernan, la franchise PREDATOR a un peu pris ses aises et abusé de notre hospitalité. Entre suites bancales et autres crossovers indigents avec ALIEN, elle s’est inexorablement vidée de tout intérêt, ne parvenant jamais à se hisser à nouveau à la hauteur du volet originel – et notamment à ce qu’il disait de la bestialité, voire de la monstruosité, humaine. Comment donc ne pas être prudent à l’idée de la voir revenir avec PREY, épisode se déroulant dans l’Amérique du début du XVIIIème ? Les grandes plaines du Nord. 1719. Naru, jeune comanche, se rêve en chasseuse mais sa tribu la cantonne à des tâches domestiques et de cueillette. La jeune femme aimerait passer son kuhtaamia, rite initiatique généralement réservé aux hommes, qui la verrait traquer un prédateur et en triompher. Ses rêves vont devenir réalité, et de manière brutale, quand un Predator débarque pour une partie de chasse… La séquence introductive de PREY, qui suit Naru dans les bois avant même que la dramaturgie ait démarré, effectue un beau travail de présentation de cette jeune femme maligne, chasseuse dans l’âme, attentive et énergique. Une caractérisation efficace qui infuse le récit dans une certaine patience, préférant prendre le temps d’explorer le rapport des Comanche à la nature ou le système patriarcal contre lequel Naru se bat, que de multiplier les moments de bravoure prématurés. Une construction simple mais plutôt rigoureuse qui s’appuie davantage sur le contexte et les personnages que sur la licence elle-même. De facto, l’originalité de ce contexte établit un choc des cultures et des technologies, un évident déséquilibre, encore plus dramatique que dans l’original, entre le Prédator et ses proies, fondation à un spectacle jamais timide dans sa représentation de la brutalité de son monstre-vedette. Pourtant, peu à peu, une bascule s’opère : le monstre le plus dangereux pour les Comanche n’est pas forcément celui qu’on croit… En dépit de sa ligne claire et d’une certaine rigueur thématique (dans cette nature sauvage, chacun est un prédateur et une proie), PREY peine à prendre son envol. La faute au manque d’un je-ne-sais-quoi, qui le prive d’ampleur émotionnelle. La terreur n’est jamais vraiment au rendez-vous ; le propos historico-politique, bienvenu, s’avère trop sage pour être incisif. Peut-être qu’immerger le spectateur totalement dans le contexte, en privilégiant des dialogues entièrement en comanche plutôt qu’en anglais (une option que proposera Disney+), permettra un surplus d’engagement. En l’état, PREY reste trop poli, trop en surface ; le spectateur toujours un peu à distance, jamais vraiment ennuyé mais jamais réellement passionné non plus.

De Dan Trachtenberg. Avec Amber Midthunder, Dakota Beavers, Dane DiLiegro. États-Unis. 1h39. Sur Disney+ le 5 août

3Etoiles

 

 

 

 

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