MÉDECIN DE NUIT : chronique

15-06-2021 - 17:40 - Par

MÉDECIN DE NUIT : chronique

Stylisé et nerveux, un polar nocturne comme une tragédie. À la fois pur film de genre et portrait terrible de la France. Au centre, l’immense Vincent Macaigne.

 

Polar rugueux et urbain, MÉDECIN DE NUIT file dans la nuit d’un homme perdu et sa tentative impossible pour se sauver. Elie Wajeman connaît son James Gray par cœur. Si l’élégant fantôme de LA NUIT NOUS APPARTIENT plane sur cette histoire de mafia, de femme fatale et de rédemption, il réussit à ancrer le genre dans le dédale des rues de Paris la nuit, une réalité sociale rude et poisseuse, jamais misérabiliste, qui tend le film entre stylisation et réalisme. Tirant le meilleur de la puissance d’incarnation phénoménale de Vincent Macaigne (le César lui tend les bras), le réalisateur colle aux basques de son anti-héros prisonnier de ses serments, d’Hippocrate et de famille. Le voir se débattre, tenir bon, tandis que la spirale infernale s’accélère (via notamment le personnage de Pio Marmaï, en contre-emploi, et l’excellente Sara Giraudeau, en femme fatale) crée une tension rarement atteinte dans le cinéma français contemporain. Peut-être parce qu’on sait Macaigne capable de tous les excès au cinéma, on admire sa résistance en guettant l’instant où tout va déraper. Intelligemment, le film zigzague entre les moments attendus du genre et des échappées presque oniriques (une scène de boîte de nuit, une patiente qui joue du piano…), joue avec nos nerfs mais n’oublie jamais l’humain derrière le genre. Tenu jusqu’à ses derniers instants, MÉDECIN DE NUIT est une réussite totale, la rencontre entre cinéaste passionné et un acteur passionnant.

D’Elie Wajeman. Avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmaï. France. 1h22. En salles le 16 juin

4Etoiles

 

 

 

 

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