Annecy 2022 : UNICORN WARS / Critique

19-06-2022 - 18:02 - Par

Annecy 2022 : UNICORN WARS / Critique

Le réalisateur de PSICONAUTAS, Alberto Vazquez, passe films de guerre, contes pour enfants et mythes fondateurs à la moulinette de son imagination tourmentée. 

 

Sur le papier, UNICORN WARS était vendu comme un APOCALYPSE NOW qui aurait rencontré BAMBI. Et dans les faits, l’accroche n’a pas tort. On suit une bande d’oursons, au look tout droit sorti des Bisounours, en pleine guerre contre des licornes. Selon leur livre sacré, celui qui goûtera au sang du dernier de ces équidés se transformera en créature parfaite. C’est donc armés jusqu’aux dents, après un intensif (et peu concluant) entraînement, que nos nounours se lancent dans la bataille au cœur d’une forêt enchanteresse peuplée d’animaux mignons. Reste que si l’on a déjà vu un film d’Alberto Vazquez, on sait que la « mignonnerie », l’humour décalé et la légèreté, ce n’est pas sa tasse de thé. Le réalisateur de PSICONAUTAS et DECORADO aime quand ça fait mal, quand ça dérange et quand ça déprime. Et UNICORN WARS n’y échappe pas. Là où l’on s’attendait à un TONNERRES SOUS LES TROPIQUES version animation, le cinéaste plonge avec une noirceur folle dans une histoire de colère, de folie destructrice et de ressentiment entre deux frangins dont la relation tient plus de Rémus et Romulus, d’Abel et Caïn et des frères Karamazov que de Bambi et Pan-Pan. Dans une magnifique 2D aux couleurs chatoyantes, Alberto Vazquez peint un paradis perdu où l’hubris est le ver du fruit interdit et déploie un conte terrifiant sur la nature profonde cruelle des êtres, en particulier au masculin, et leur aptitude à s’inventer des histoires pour mieux dominer l’autre. Sous couvert de son animation enfantine, le cinéaste se permet les pires horreurs, tel un récit biblique moderne interdit au moins de 12 ans. D’ailleurs, malgré un ventre mou un peu difficile à passer, UNICORN WARS ne recule jamais devant l’ampleur mythologique qu’il gagne au fur et à mesure, pour un final aussi puissant que surprenant. Et un poil fataliste, mais on ne se refait pas.

De Alberto Vazquez. Espagne / France. 1h20. En salles le 30 novembre

4Etoiles

 

 

 

 

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