PLAN 75 : chronique

07-09-2022 - 14:06 - Par

PLAN 75 : chronique

Au croisement de Kiyoshi Kurosawa et Hirokazu Kore-eda, la cinéaste Chie Hayakawa impose son regard dès son premier film.

 

PLAN 75 avance comme un petit vieux. Lentement, parfois digressant et maladroit. Mais chaque pas porte le poids de sa sagesse. PLAN 75 se déroule dans un futur très proche où le vieillissement de la population est un tel problème qu’il engendre des violences à l’égard des aînés. Pour y répondre, le gouvernement japonais lance le Plan 75, qui permet aux plus de 75 ans d’accéder à l’euthanasie. Si le pitch évoque SOLEIL VERT de Richard Fleischer, la comparaison s’arrête là. On suit Michi (poignante Chieko Baisho), 78 ans, distinguée et polie. Mais surtout seule. Tellement qu’elle n’attend plus grand-chose de l’avenir et voit en ce plan une manière de baisser le rideau à sa guise. À sa difficile séquence d’ouverture, évoquant les tueries de masse, le reste de PLAN 75 oppose une violence plus diffuse mais aussi plus prégnante. L’horreur se cache dans les images de ces centres d’euthanasie déshumanisés rappelant l’industrialisation de la mort qu’ont connu les plus sombres heures de l’Histoire et dans le quotidien de Michi où tout n’est qu’empêchement et rejet. Ce n’est pas tant ce terrible plan 75 qui tue les vieux mais la solitude et l’indifférence d’une société. Tout en posant la problématique de la surpopulation, PLAN 75 s’inquiète ainsi davantage de notre vision comptable du monde et interroge la place de notre curseur humain. Premier film et déjà, Chie Hayakawa s’impose comme une cinéaste à suivre.

De Chie Hayakawa. Avec Chieko Baisho, Yumi Kawai, Hayato Isomura. Japon. 1h52. En salles le 7 septembre

4Etoiles

 

 

 

 

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