Cannes 2022 : PLAN 75 / Critique

20-05-2022 - 15:55 - Par

Cannes 2022 : PLAN 75 / Critique

De Chie Hayakawa. Sélection Officielle, Un Certain Regard

 

PLAN 75 avance comme un petit vieux. Lentement, titubant de temps en temps, digressant parfois, maladroit souvent. Mais chaque pas, chaque plan, porte le poids de sa sagesse, de sa réflexion et de sa profondeur. PLAN 75, le long métrage de la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa, se déroule dans un futur très proche où le vieillissement de la population est un tel problème qu’il engendre de nombreuses violences à l’égard des personnes âgées. Pour y répondre, le gouvernement japonais décide de lancer le Plan 75 qui permet aux plus de 75 ans d’accéder à l’euthanasie. Si le pitch évoque le SOLEIL VERT de Richard Fleischer, la comparaison s’arrête là. Loin de l’enquête de Charlton Heston, on suit Michi, une dame de 78 ans, distinguée et polie, à l’image du film qui la raconte. Mais Michi (poignante Chieko Baisho) est surtout seule. Désespérément seule. Tellement qu’elle n’attend plus grand-chose de l’avenir et voit en ce plan gouvernemental une manière de baisser le rideau à sa guise. À sa difficile séquence d’ouverture, évoquant les tueries de masse comme celle de Columbine, le reste de PLAN 75 oppose une violence bien plus diffuse mais aussi bien plus prégnante. L’horreur se cache dans les détails. Dans les images de ces centres d’euthanasie cliniques et déshumanisés rappelant une forme d’industrialisation de la mort qu’ont connu les heures les plus sombres de l’Histoire. Dans le quotidien de Michi où tout n’est qu’empêchement et rejet de façon à la pousser vers la sortie. Au bout du compte, le message est clair, ce n’est pas tant cette terrible solution choisie qui tue les vieux mais la solitude et l’indifférence d’une société qui préfère ignorer ses aînés. Tout en posant la problématique de la surpopulation à une époque où la médecine permet d’allonger la vie, PLAN 75 s’inquiète davantage de notre vision comptable du monde et souhaite interroger la place de notre curseur humain. Premier film et déjà Chie Hayakawa, avec sa mise en scène au croisement de Kiyoshi Kurosawa et Hirokazu Kore-eda, s’impose comme une cinéaste à suivre.

De Chie Hayakawa. Avec Chieko Baisho, Hayato Isomura, Charlie Dizon. Japon / France / Philippines. 1h52. Sortie le 28 septembre

 

 

 

 

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